C’est certain, selon les professionnels, le tourisme mondial va battre tous ses records en 2025. Voici les principales données sur lesquelles se base cette prévision : près de 1,5 milliard de touristes ont voyagé à l’étranger en 2024, un chiffre équivalent à celui de la dernière année avant la pandémie. Cette dynamique s’est accompagnée d’une hausse plus forte encore des recettes touristiques : environ 1 800 milliards de dollars, soit 14% de plus qu’en 2023, et 17% par rapport à 2019.
L'année 2025 débute dans la continuité de cette lancée : selon le baromètre du tourisme mondial de l’ONU, les arrivées de touristes internationaux ont encore augmenté de 5% au 1er trimestre par rapport à l’année précédente, malgré les tensions commerciales et géopolitiques. Alors pourquoi s’inquiéter ? D’un point de vue purement statistique, les trois premiers mois de l’année constituent généralement la période la plus creuse. Bien qu'ils puissent donner une indication sur la tendance, ils ont un impact limité sur la performance globale. Mais beaucoup plus important et inquiétant, le déroulé du trimestre montre un point d’inflexion en mars, avec un recul du nombre de voyageurs sur un an.
Vient ensuite le contexte international. L’arrivée de Donald Trump. Trois dates sont à retenir : son élection le 5 novembre, son investiture le 25 janvier, et le « Liberation Day » du 2 avril. Cette période a été dominée par l'escalade générale des tensions commerciales, mais plus encore vis-à-vis des voisins immédiats avec en sus pour le Canada une menace d’annexion. Une grande partie du monde s’est automatiquement détournée des États-Unis, les Canadiens en particulier qui représentent près de 3 touristes sur 10. Cela a suffi à faire afficher aux États-Unis un bilan négatif sur les quatre premiers mois de l’année, d’autant que les flux en provenance d’autres pays, comme la Chine, diminuent aussi.
Et ce n’est pas fini. Les voyages à l’étranger se préparent sur le long terme et, sauf événements personnels ou internationaux exceptionnels, les annulations sont rares. Les États-Unis bénéficient donc encore aujourd’hui de l’arrivée de touristes qui avaient choisi cette destination avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, ce qui crée une certaine inertie. Mais ces flux finiront par se tarir. Vient ensuite la montée des tensions au Proche et Moyen-Orient, dont le paroxysme a été la guerre des 12 jours entre l’Iran et Israël. Au-delà de l’arrêt du tourisme dans ces deux pays, c’est toute la région qui sera durablement impactée, alors qu’elle était en plein essor et affichait même les meilleurs résultats par rapport aux autres destinations internationales. Tous les pays de la région, ou partie de leur territoire, sont désormais classés par le Quai d’Orsay : en zones fortement déconseillées, déconseillées sauf raison impérative, ou en vigilance renforcée.
Une grande partie de l’Afrique subsaharienne est dans le même cas. Ces mises en garde sont partagées par tous les pays occidentaux. Bien qu’il y ait des effets de report entre destinations, ces transferts sont partiels. Enfin, le contexte économique général joue également un rôle. Les États-Unis ralentissent, l’Europe est à l’arrêt, et beaucoup d’espoirs reposent sur le retour des touristes chinois après plusieurs années de disette post-Covid. Mais là aussi, la situation économique risque de se tendre.
Bref, il y a plus de raisons de s’alarmer sur les résultats du tourisme cette année que d’être optimistes et, il y aura plus de perdants que de gagnants.
Publié le vendredi 04 juillet 2025 . 3 min. 48
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