Une crise sans précédent dans les services
Publié le jeudi 11 octobre 2012 . 3 min. 20
Xerfi Canal présente l'analyse d'Alexandre Mirlicourtois, directeur des études de Xerfi
L’activité continue de se dégrader en France comme en Europe. L’indice PMI composite de l’activité globale établi par Markit ne dit pas autre chose : à 45,9 en septembre, il est au plus bas depuis 39 mois. Surtout, en dessous de 50, il se trouve dans la zone qui indique une contraction de l’activité. Pour faire bref, la zone euro est en récession. Mais une analyse plus fine de l’enquête révèle une information précieuse. A savoir que l’indice PMI des services est descendu à 46 en septembre, son plus bas niveau depuis 38 mois. Dans le même temps, l’indice PMI de l’industrie manufacturière est lui remonté à 46, un plus haut depuis six mois. Les deux courbes, celle de l’industrie et celle des services, se croisent donc. Ainsi, l’hémorragie industrielle semble peu à peu s’arrêter, quand dans les services le mal devient plus profond.
C’est un constat inquiétant. Car le cas de figure est inédit. D’habitude, les services amortissent les chocs. La crise de 1993 s’est ainsi matérialisée par un net décrochage de l’industrie alors que les services résistaient. De même, sur la période 2001-2003, seule l’industrie a plongé, les services restant à flots. Enfin, lors de la terrible récession de 2008-2009, les services n’ont reculé que de 2% alors que l’industrie manufacturière a plongé de près de 15% en 2009. Alors pourquoi cette fois-ci, les services ne jouent-ils plus leur rôle d’amortisseur ? Tout simplement à cause de l’accumulation des plans d’austérité. Avec à la clé des coupes dans les dépenses publiques et un durcissement de la fiscalité, qui ont eu raison des demandes intérieures. Or par nature, l’activité des services est quasi-uniquement branchée sur les demandes intérieures. De leur côté, une partie des industriels vont chercher la croissance là où elle se trouve en exportant dans les zones les plus dynamiques. Fin 2011, 37% des exportations des industriels européens se faisaient hors des frontières européennes. Une part qui progresse depuis plusieurs années déjà. Et cela va continuer, compte tenu des écarts de croissance entre l’Europe et le reste du monde. En juillet 2012, cette part atteignait déjà 41% Alors certes, l’économie mondiale est en perte de vitesse et il ne faut certainement pas s’attendre à un nouvel élan industriel. Mais cela permet au moins de limiter l’impact de la baisse des demandes domestiques.
Et la France ? La France se retrouve exactement dans cette configuration. Dans les services, c’est la dégringolade. Mesuré par l’Insee, le climat des affaires se situe à 87 en septembre, soit presque son niveau de l’été 2009. En revanche dans l’industrie, la situation reste dégradée, mais la baisse moins vertigineuse. Stabilisé à 90, l’indice se situe sous sa moyenne de long terme fixée à 100 par construction. Une valeur encore très éloignée des points les plus bas atteints lors de la récession. La France doit donc se battre sur deux fronts : le délitement structurel de son industrie, et en plus le décrochage des services qui sont chez nous l’amortisseur traditionnel des crises. Au regard du poids des services dans notre économie, l’impact sur l’emploi risque d’être terrible au cours des prochains mois.
Alexandre Mirlicourtois, Une crise sans précédent dans les services, une vidéo Xerfi Canal
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