La décarbonation de l’industrie et des usages est un enjeu central pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Pour décarboner et sortir des énergies fossiles, l’électrification est l’une des solutions privilégiées par l’ensemble des États.
L’électrification joue un rôle essentiel dans la décarbonation de l’industrie car cela permet de remplacer des sources d’énergie fossiles, comme le charbon, le pétrole ou le gaz naturel, par des sources d’électricité bas-carbone.
Les exemples sont nombreux :
- Remplacement des combustibles fossiles pour produire de la chaleur (ex. chaudière électrique à la place d’une chaudière au charbon)
- Remplacement de certains équipements fonctionnant au gaz par de nouveaux équipements fonctionnant à l’électricité (ex. passage d’un four à gaz à un four électrique)
- Production d’hydrogène bas carbone à partir de l’électrolyse au lieu d’utiliser du gaz naturel
Au-delà des usages industriels, l’électricité est également un levier pour décarboner nos quotidiens, notamment la mobilité en passant par exemple du véhicule thermique au véhicule électrique.
Pour répondre aux besoins en électricité bas carbone, il est nécessaire d’augmenter les capacités de production en France et en Europe car au regard des usages croissants de l’électricité il faut garantir que le réseau est en mesure de répondre à ces évolutions. Toutefois, de nombreux biens industriels permettant de faire évoluer les usages reposent certes sur la consommation d’électricité bas carbone, mais aussi sur la consommation de matières premières critiques dont le lithium et le cobalt.
Or, l’extraction et le raffinage de ces matières premières reposent sur un groupe très restreint de pays où la Chine occupe une position dominante, ce qui lui permet de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur de nombreux biens clés dans la transition écologique. L’Union européenne apparaît donc dans une solution fragile pour atteindre ces objectifs de transition écologique et de renforcement de l’autonomie stratégique.
Dès lors, la dépendance à d’autres pays devient un enjeu de souveraineté ce qui oblige, en plus des efforts de décarbonation, à repenser les modèles. Or, la fragilité de l’industrie européenne freine l’émergence de nouvelles activités. Par exemple, difficile d’avoir des usines de recyclage de batteries si :
- La production de batteries pour le marché européen ne se fait pas en majorité en Europe
- La production de véhicules électriques ne se fait pas en Europe
Face à la criticité de ces ressources, plusieurs réflexions s’imposent :
- Réduire la consommation de ces ressources en réduisant la taille des véhicules par exemple selon un principe de sobriété dimensionnelle
- Faire évoluer les usages et les modèles en allant vers l’économie de la fonctionnalité
- Réserver les technologies consommatrices de ressources a` des usages finaux pour lesquels elles présentent des avantages importants par rapport a` d’autres solutions, ou lorsqu’aucune alternative n’est envisageable
- Développer des solutions moins techniques pour réduire les coûts et l’empreinte environnementale
- Structurer les filières de revalorisation des matières premières contenues dans les produits, tout en améliorant les techniques d’extraction et de purification des matériaux
La réduction de l’empreinte environnementale des activités humaines est une nécessité absolue.
Toutefois, le défi est conséquent pour l’Union européenne et ses États membres :
- Renforcer la souveraineté, tout en atteignant les objectifs environnementaux,
- Investir massivement dans les infrastructures de production d’énergie bas carbone dans un contexte de restriction budgétaire.
Publié le mardi 12 novembre 2024 . 3 min. 53
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