Les États-Unis sont plus que jamais au centre des attentions avec le retour de Donald Trump au pouvoir et son ambition d’augmenter fortement les droits de douane pour obliger le reste du monde à entamer des négociations bilatérales avec son pays.
Les États-Unis sont plutôt perçus comme le royaume de la tech avec ses grandes entreprises du numérique et comme un pays marqué par la désindustrialisation avec des territoires emblématiques de la désindustrialisation comme la Rust Belt. Mais, depuis quelques années un renouveau industriel se dessine, soutenu par des politiques industrielles ambitieuses et dopé par l’accès à une énergie très peu chère grâce à l’exploration du gaz de schiste.
L’industrie américaine est aujourd’hui globalement plus compétitive que celle de l’Union européenne, et plusieurs facteurs expliquent cet écart :
1. L’accès à une énergie bon marché : Grâce à son abondance de gaz de schiste, l’industrie américaine bénéficie d’une énergie moins coûteuse que l’Europe, où les prix du gaz et de l’électricité restent élevés, notamment après la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.
Sur les 12 derniers mois et sur les marchés spot, l’électricité étant en moyenne de 30€ du MWh aux États-Unis quand il était deux fois supérieur en France et trois fois supérieur en Allemagne. Le même constat peut être réalisé sur les marchés à terme où les prix étaient respectivement 1,8 fois et 2,2 fois plus important en France et en Allemagne qu’aux Etats-Unis.
Pour le gaz, l’écart est encore plus important entre l’Europe et les États-Unis. En Europe, le prix est supérieur à 40€ du MWh, avant paiement du CO2, alors qu’il est inférieur à 10€ du MWh aux États-Unis.
Outre l’impact sur la compétitivité, le prix élevé de l’électricité en Europe est un frein massif à l’accélération de la décarbonation de l’économie.
2. Les politiques publiques comme l’Inflation Reduction Act, vaste plan de subventions et d’incitations fiscales aux entreprises, notamment dans les secteurs de l’énergie verte, des semi-conducteurs et des véhicules électriques, a renforcé l’attractivité industrielle des États-Unis. La combinaison de clauses de localisation de la production aux États-Unis pour bénéficier de certaines incitations fiscales avec un prix de l’énergie faible a conduit de nombreuses entreprises à se tourner vers le territoire américain.
Les investissements des entreprises européennes aux États-Unis sont passés de moins de 30 milliards de dollars en 2022 à plus de 61 milliards en 2024, alors que les investissements intra-européens représentaient 37 milliards de dollars cela a été exposé dans le 9e baromètre mondial des investissements industriels réalisé par Trendeo, McKinsey et l’Institut de la réindustrialisation.
3. La capacité d’innovation et l’investissement dans la R&D : Les États-Unis disposent d’un écosystème d’innovation très dynamique, avec une forte capacité à attirer des investissements en R&D et à développer des technologies de pointe comme l’intelligence artificielle ou encore les biotechnologies. Toutefois, en 2023, les entreprises européennes ont augmenté leurs investissements en R&D de 9,8 %, surpassant la croissance des investissements des entreprises américaines (+5,9 %) et chinoises (+9,6 %) pour la première fois depuis 2013.
4. Le marché du travail américain est plus flexible, ce qui est vu comme un facteur de compétitivité puisque cela le rend plus réactif avec des réglementations moins contraignantes en matière d’embauche et de licenciement.
Toutefois, de nombreuses entreprises sont également confrontées à des problèmes de recrutement. Par ailleurs, si la main-d’œuvre américaine est globalement bien formée, il existe un problème de compétences qui amplifie les difficultés de recrutement. Si les États-Unis offrent des formations de haut niveau, environ 20% de la population souffre d’analphabétisme.
Les États-Unis disposent donc de nombreux atouts, toutefois, l’Europe par la taille de son marché, qu’elle doit encore unifiée, par sa stabilité réglementaire et par l’existence d’entreprises leaders dans leurs marchés disposent également de nombreux atouts. Mais pour rester dans la course, elle doit unir les États membres autour de son modèle et qu’ils apprennent à partir d’une voix unifiée face à des rivaux systémiques.
Publié le mercredi 05 mars 2025 . 4 min. 28
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