Face au réchauffement climatique, il est urgent d’opérer une transition énergétique rapide à l’échelle mondiale. Cette transition sera marquée par le déclin progressif des combustibles fossiles et l'essor des énergies renouvelables. Elle devrait redessiner la carte géopolitique de l’énergie et faire naître de nouveaux rapports de force.
La première conséquence est le déclin inéluctable de la rente pétrolière dont dispose certains États. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, la demande mondiale de pétrole, de gaz et de charbon devrait atteindre son pic avant 2030. Or, cette évolution va questionner le modèle économique des pays fortement dépendants de la rente pétrolière comme la Russie ou l’Arabie saoudite, en particulier si ces pays n’anticipent pas la nécessaire mutation de leur économie.
Ainsi, certains pays producteurs cherchent déjà à diversifier leur économie. Par exemple, l'Arabie saoudite investit massivement dans les énergies renouvelables avec son plan Saudi Vision 2030.
La deuxième conséquence est l’évolution de la cartographie pour répondre aux besoins liés à la production d’énergie notamment en matières premières critiques comme le cobalt, le tungstène ou le nickel. Ainsi, si les pays pétroliers vont perdre en influence, d’autres nations vont gagner en puissance avec la montée en puissance de nouvelles sources d’énergie.
Dans cette bataille, la Chine est déjà le leader mondial dans la production de panneaux solaires ou de batteries pour véhicules électriques. Elle contrôle également les chaînes d'approvisionnement des minerais critiques, comme le lithium, le cobalt et le nickel, ce qui est en fait un acteur incontournable de la transition énergétique, même si en parallèle elle continue d’ouvrir des centrales à charbon…
L'Union européenne, bien que résolument engagée dans la transition, reste vulnérable face aux tensions sur les ressources critiques et cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en augmentant notamment sa capacité de recyclage. Or, difficile de trouver des débouchés en matière recyclée si les chaînes de valeur les utilisant ne se renforcent pas sur le territoire européen.
La troisième conséquence est une course à la maîtrise de l’approvisionnement des matières critiques. Les tensions autour des minerais stratégiques sont un des enjeux majeurs de la transition énergétique. L'essor des batteries lithium-ion pour les véhicules électriques et du stockage d'énergie entraîne une ruée sur ces matières premières.
Par exemple, le lithium, dont la demande pourrait être multipliée par six d'ici 2040, est principalement extrait en Australie, au Chili et en Argentine. La Chine, en possédant une part importante des capacités de raffinage et de fabrication, se retrouve en position de force, en particulier vis-à-vis de l’Union européenne qui peine à développer les capacités de production de batteries pour véhicules électriques sur son territoire en raison :
- Du prix de son énergie
- De la concurrence accrue des acteurs asiatiques.
Par conséquent, l’Union européenne tente de réduire sa vulnérabilité par des stratégies de diversification et de recyclage avec notamment l’adoption du Critical Raw Materials Act qui vise à sécuriser l'approvisionnement en matières premières critiques. En parallèle, la Chine restreint l’exportation de certains composants, voire interdit l’exportation de certains comme elle l’a fait en 2024 pour le gallium, le germanium et l’antimoine vers les États-Unis.
Si cette situation contribue à redessiner les rapports de force mondiaux, elle devrait faire émerger de nouvelles alliances. Ainsi, entre la recomposition des rapports de force, la course à l’accès aux matières stratégiques et l’émergence de nouvelles alliances, elle façonne un nouveau paysage. Dans ce contexte, la capacité des États à anticiper et à s'adapter à ces mutations sera déterminante pour garantir leur souveraineté énergétique et économique.
Publié le mardi 11 mars 2025 . 4 min. 17
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