Ces dernières années ont été marquées par la multiplication des annonces des grandes nations pour affirmer leur volonté de relocaliser des usines et en particulier dans des domaines technologiques : semi-conducteurs, batteries pour véhicules électriques ou encore biens industriels liés au développement de l’intelligence artificielle.
Or, ces stratégies marquent également le développement d’un nationalisme technologique ou d’un techno-nationalisme qui se traduit dans les politiques publiques par :
- plus d’interventionnisme et de protectionnisme
- plus de dirigisme de la part de l’État en concentrant les financements sur des projets jugés clés et qui répondent aux besoins économiques et sécuritaires de l’État.
Bien souvent, cela induit également la mise en place de politiques restrictives comme un contrôle accru des exportations ou la mise en place mesures protectionnistes pour préserver l’industrie.
Si la guerre économique entre la Chine et les États-Unis a débuté avant la pandémie, les vulnérabilités révélées par la pandémie et la guerre en Ukraine ont amplifié les ambitions de réindustrialisation. Par ailleurs, la désindustrialisation des pays occidentaux a contribué à la concentration géographique de certaines productions stratégiques comme les semi-conducteurs dont plus de 60% des capacités mondiales sont à Taïwan, une part qui monte à 90% pour les puces les plus avancées.
Le moindre choc géopolitique ou climatique dans la région de Taïwan a des répercussions sur l’ensemble des chaînes de valeur qui dépendent de ces composants dont sur l’automobile, la défense ou l’énergie. Face à ce constat, les États-Unis et l’Union européenne ont relancé des plans de relocalisation de la production des semi-conducteurs.
Si le fait de protéger les industries stratégiques a du sens, en particulier dans ce contexte géopolitique particulier, cela peut aussi être un frein au développement de l’innovation et de la coopération. Par ailleurs, dans les secteurs où l’Union européenne le coût de rattrapage est important si les politiques de relocalisation ne sont pas accompagnées de politiques de transfert de technologies.
Aujourd’hui, nous rentrons dans une logique d’affrontement entre des blocs avec des divergences aussi économiques que culturelles. Est-ce cela signifie qu’il faut abandonner toute idée de souveraineté technologique ? Pas forcément. Mais il faut sans doute sortir d’une vision défensive, et construire une approche plus coopérative et stratégique.
Il est à la fois nécessaire :
- de se concentrer sur les secteurs stratégiques pour l’indépendance d’un pays
- d’avoir une stratégie claire en matière de productions locales, accompagnée d’une politique d’aménagement du territoire, de formation et d’innovation
- de développement des coopérations ciblées avec des clauses de localisation de la production ou de transferts de technologie
Il n’existe aucun remède miracle. Toutefois, il est nécessaire d’être clair sur les conditions de souveraineté et de résilience d’un pays.
L’enjeu, aujourd’hui, est donc de bâtir une souveraineté industrielle lucide, partenariale et tournée vers l’avenir.
Publié le mercredi 14 mai 2025 . 3 min. 20
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