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L’État fait l’objet de critiques assez systématiques sur son manque d’efficacité, ses lourdeurs ou encore ses difficultés à anticiper. Pourtant à l’heure où l’on souhaite remettre en place un Commissariat au plan, il est nécessaire de se questionner sur le rôle de l’État et de ses agences, en particulier en termes d’innovation et d’investissement dans les technologies d’avenir. En la matière, il faut adopter une autre approche que :
- Réduction du champ d’intervention de l’État pour se centrer sur les fonctions régaliennes,
- Réduction drastique de la dépense publique.

A contrario, nous devons :
- Construire une vision stratégique,
- Avoir les structures adéquates pour la porter,
- Se doter des compétences adaptées à la gestion des défis du XXIème siècle.

Les organisations publiques ont un rôle majeur à jouer aux côtés du secteur privé dans la transformation sociétale et économique de notre société. Leur rôle ne doit pas être une intervention limitée aux cas de défaillance du marché.

Rappelons que cette méfiance n’a pas toujours été une réalité. Deux exemples :
- La politique gaullo-pompidolienne du plan,
- Les agences américaines comme la DARPA ou la NASA.
Des budgets importants étaient alors mis en place au service d’une vision et d’objectifs clairs et ambitieux.

Il est vrai que depuis le contexte international à évoluer en profondeur, il est donc nécessaire de se doter des outils et des méthodes adaptées à notre temps, notamment face à des États comme la Chine qui investissent des moyens publics considérables dans des secteurs d’avenir et dans les moteurs de la croissance de demain.

Tout cela nous appelle à sortir d’une vision binaire opposant un État réputé lourd et lent avec un secteur privé réputé dynamique. Indéniablement, il faut repenser le rôle de l’État, son organisation et sortir d’une aversion mortifère aux risques. Expérimentation et apprentissage doivent prévaloir à la volonté de vouloir de se prémunir de tout risque d’échec.

Alors que faire ?
1. Se doter d’une vision pour le développement économique et le progrès technique au service de la transformation de notre société. Avant nous rêvions d’envoyer un homme sur la lune, quel est notre nouveau rêve collectif ? Nous ne résoudrons pas le défi du changement climatique sans grandes ambitions.

2. Revoir les mécanismes d’évaluation de la dépense publique en sortant d’une vision de court terme et en nous dotant des bons indicateurs. Miser sur l’avenir sous-entend du temps, de l’énergie et des pertes. 

3. Accepter que les organisations publiques expérimentent, apprennent et parfois échouent en adoptant une démarche empirique

4. Repenser le mécanisme de répartition de la valeur et surement pas un autre levier que la simple fiscalité. La fragmentation de notre société nous montre que le schéma « socialisation des pertes et privatisations des gains » n’est plus soutenable.

Par le passé, l’État a permis le développement de nombreuses technologies, qui ont pu devenir révolutionnaires une fois dans le privé. L’intérêt des technologies d’application générale est leur
- Diffusion par la suite dans de nombreux secteurs
- Amélioration continue avec un abaissement progressif des coûts de détention
- Implémentation dans de nouveaux produits et processus.

La création d’un écosystème vertueux entre la sphère publique et la sphère privée demande de :
- Nouvelles méthodes,
- Nouveaux outils,
- Nouveaux indicateurs.
Il existe déjà des exemples locaux dont il est possible de s’inspirer pour créer de nouvelles dynamiques territoriales.

Cela sous-entend également que la puissance publique soit capable de se doter des compétences pour produire cette vision. 

N’idéalisons pas l’État et sa capacité à agir, mais donnons la place qu’il mérite. Il a la capacité d’investir dans les secteurs à haute croissance mais à également à haut risque où l’histoire nous a montré que le privé peinait à prendre le risque d’investir.

Nous vivons une crise majeure dont nous sommes bien incapables de prédire la fin et la profondeur des impacts, notamment sociaux, la création de valeur est plus que jamais une affaire collective.

Soyons audacieux, créatifs et offensifs. Le mode défensif ne nous permettra pas de relever les défis structurels du XXIème siècle.


Publié le jeudi 26 novembre 2020 . 4 min. 28

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