Ces dernières années, nous avons redécouvert un mot que l’on croyait réservé au climat ou à la cybersécurité : la vulnérabilité ! La pandémie, la guerre en Ukraine, la multiplication des cyberattaques ou encore les événements climatiques extrêmes sont autant de chocs qui ont révélé nos fragilités. Par ailleurs, nos sociétés dépendent d’infrastructures critiques, mais qui sont fragiles.
Pour l’industrie, une question se pose. Comment l’industrie peut-elle être un vecteur de résilience ? Comment pouvons-nous passer d’une industrie qui ne produit pas uniquement des biens, mais qui contribue à offrir à la société une capacité à encaisser les crises tout en maintenant les fonctions vitales du pays.
Alors, de quoi parle-t-on concrètement ? Il s’agit d’un ensemble de secteurs et de technologies, publics ou privés, qui visent à protéger, adapter, ou restaurer les systèmes vitaux. Cela comprend :
- Des infrastructures physiques : réseaux électriques, transports, eau potable, etc.
- Des infrastructures numériques : data centers par exemple
- Des infrastructures logistiques
- Des capacités industrielles jugées stratégiques comme la production de certains médicaments par exemple
L’enjeu est donc de considérer les priorités industrielles à l’aune de critères comme la robustesse et donc de dépasser la seule logique de coût. Cette approche marquerait donc un basculement dans une nouvelle approche des politiques industrielles, marques jusqu’ici par la compétitivité : massifier la production pour abaisser les coûts unitaires avec souvent une logique de délocalisation pour optimiser les coûts.
Ces choix soulèvent quelques défis :
1. Qui finance ? La résilience a un coût. Elle suppose des infrastructures plus robustes, des systèmes dédoublés, des capacités de réponse rapide. Faut-il faire porter cet investissement par l’État, par les entreprises, ou par des partenariats public-privé ?
2. Quelles priorités ? Tous les secteurs ne peuvent pas être considérés comme critiques. Il faut donc faire des choix : énergie, santé, alimentation, numérique, eau, cybersécurité, etc. Et accepter que renforcer la résilience, c’est parfois renoncer à des gains à court terme.
3. Quelle gouvernance ? Il est impossible de penser une résilience efficace avec un raisonnement en silo puisqu’elle repose sur des interdépendances. Comment coordonner les acteurs, éviter les effets domino et intégrer la résilience dans la conception même des politiques industrielles ?
L’enjeu est donc de penser la stratégie industrielle en termes de production, mais aussi en termes de préparation aux crises, de robustesse des systèmes et de sécurité collective. Cela nous oblige donc à clarifier dans le débat public ce qui fonde notre sécurité collective et comment nous intégrons cette logique dans :
- Une économie mondialisée
- Une montée des tensions géopolitiques
- Le contexte européen
Ce changement de regard pourrait bien redéfinir les hiérarchies industrielles à l’échelle mondiale où les pays sauront allier innovation, production et résilience seront ceux qui domineront l’économie de demain.
Publié le mercredi 21 mai 2025 . 3 min. 10
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