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Dévissage boursier des banques : attention aux faux semblants !

Publié le lundi 29 février 2016 . 4 min. 43

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Les banques françaises et européennes viennent de connaître plusieurs semaines boursières chahutées avec un plongeon la semaine dernière.

 

Comment cela s’explique-t-il ? Les raisons invoquées ne sont guère  convaincantes.

 

Il y aurait d’abord les perspectives d’une croissance mondiale modeste : la Chine ralentit, les Etats-Unis pourraient être au bout de leur cycle de croissance et la zone euro vivote doucement. Tout cela devrait se traduire pour les banques, au pire, par des cours boursiers plats mais pas par une chute libre.

 

Il faut alors ajouter un secteur pétrolier touché par les bas prix du pétrole : les prêts bancaires à ce secteur pourraient ne pas être remboursés facilement. La Société générale a eu beau annoncer que ses prêts dans le domaine ne dépassaient pas 3 % du total, son action a particulièrement dévissé en février.

 

Il fallait donc trouver une autre raison. Et, comme souvent quand la finance privée dérape, c’est la faute des autorités publiques, en l’occurrence de la BCE ! Celle-ci aurait plombé la rentabilité des banques en imposant des taux d’intérêt bas. Ce qui signifie que les crédits rapportent peu. Comme, en plus, les nouvelles régulations bancaires imposent aux banques de se financer moins par des emprunts et plus avec du capital et que le second est plus cher que le premier, tout cela concoure à plomber la rentabilité des banques. Ce qui expliquerait que les investisseurs les boudent.

 

Ce raisonnement ne tient pas la route. Les banques empruntent de l’argent à court terme et le prête à long terme. Elles font ce que les économistes appellent de la « transformation d’échéance ». L’important pour leur rentabilité réside dans la différence de niveau entre les taux de leurs emprunts et ceux de leurs prêts.

 

Or, grâce à la BCE, les taux d’emprunts des banques sur les échéances courtes jusqu’à un an sont négatifs ! Par contre, le taux moyen de prêts de moins d’un million d’euros aux entreprises est de 2,2 %,  de 2,3 % en moyenne pour les prêts au logement, de 5 % pour les prêts à la consommation. Les marges sont donc largement positives. Et même si, au-delà des activités de prêts, on ajoute les activités de marché, la Société générale, par exemple, a annoncé un taux de rentabilité de 7,9 %. Dans une économie française qui croit de l’ordre de 1,5 % avec 0,5 % d’inflation, soit 2 % au total en valeur, c’est un résultat plutôt exceptionnel !

 

Bref, les raisons invoquées par les commentateurs pour expliquer le plongeon des cours boursiers n’expliquent rien. Est-ce à dire que tout va bien dans le meilleur des mondes pour les banques françaises et européennes ? Non.

 

Il existe au sein du système bancaire européen des zones de fragilité. Ainsi, 18 % des prêts des banques italiennes sont considérés comme « non performants ». En Allemagne, la Deutsche Bank n’en finit pas de payer le prix des risques importants qu’elle a pris et des actions en justice dont elle fait l’objet – 6000 procès en cours ! – qui l’ont obligée à mettre 5,2 milliards d’euros de côté pour les régler. Résultat, la banque se retrouve avec 6,8 milliards de pertes en 2015. Si un monstre bancaire comme elle devait avoir des difficultés sérieuses, cela aurait des répercussions sur l’ensemble du système bancaire européen.

 

Les banques européennes restent plus endettées que les américaines
Dette des banques en % du PIB en valeur
Source : Natixis

 

Plus fondamentalement, les banques européennes ont beaucoup moins réduit leur dépendance à l’endettement que les banques américaines. En cas de sérieuses turbulences internationales, elles seraient plus soumises aux mouvements de défiance des prêteurs.

 

Un manque de capital
Ratio capital sur activités, en normes IFRS, situation à juin 2015, en %

 

Source : FDIC

 

Effet miroir de cette situation d’endettement, nos établissements bancaires se financent moins par le capital. Ils ont donc constitué un matelas d’absorption des chocs moins épais. Et le plus mauvais élève est… la Deutsche Bank, la plus fragile !

 

Face à ces risques, il serait normal que les cours de Bourse des banques du Vieux continent ne connaissent pas d’évolutions mirifiques. Mais les fluctuations erratiques de ces dernières semaines - des baisses significatives suivies d’une journée de hausse, suivie de nouvelles baisses, etc. - montrent que certains investisseurs cherchent surtout, quel que soit la situation réelle des banques, à gagner de l’argent en pariant à la baisse, avant de racheter quand les cours ont bien diminué pour empocher la différence. Et les banques américaines, a priori mieux loties, sont prises également dans cette tourmente essentiellement spéculative.

 

Sommes-nous au bord d’une crise comme en 2008 ? Non. Car même si la dette des banques européennes baisse doucement, elle diminue. Ces emprunts ne financent pas de nouveaux produits sophistiqués à risque qui se répandent sur la planète dans un contexte de libéralisation croissante.

 

La Bourse s’agite mais la BCE n’en est pas responsable. Et nous sommes loin d’être dans une situation comparable à 2008. Pour être certain de l’éviter à l’avenir, c’est plus par ses règles de contrôle des banques que par sa politique monétaire que la BCE pourra redonner confiance dans les banques européennes. 

 

Christian Chavagneu, Dévissage boursier des banques : attention aux faux semblants !, une vidéo Xerfi Canal TV


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