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La stagnation séculaire : la prospérité, c'est fini ?

Publié le mercredi 17 mai 2017 . 4 min. 56

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« Quel niveau de vie économique pouvons-nous raisonnablement espérer atteindre d’ici cent ans ? Quelles sont les perspectives économiques pour nos petits-enfants ? », se demandait le grand économiste britannique John Maynard Keynes en 1930. Le débat agite de nouveau les économistes depuis quelques années : au-delà des fluctuations conjoncturelles, les vieux pays développés sont-ils entrés dans une phase de croissance durablement faible ?

 

Le débat a été lancé par l’économiste américain Robert Gordon à partir d’un constat simple : la productivité globale de l’association capital-travail a été divisée par 10 aux Etats-Unis et s’est fortement ralenti en Europe ces dernières décennies alors même que nous connaissions une révolution numérique. L’explication ? Elle est simple : l’histoire ne repasse pas les plats. En gros, du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe, la 2ème révolution industrielle a donné l’invention de l’électricité et l’arrivée de l’eau courante, le téléphone et l’automobile, le cinéma et les avions, etc., avec toutes leurs conséquences, comme les autoroutes, les supermarchés, la télévision, les ascenseurs et le réfrigérateur, mais aussi la fin du travail des enfants et la baisse de la mortalité.

 

Des progrès que l’on ne peut faire qu’une seule fois : on gagne énormément en productivité quand on passe de la diligence à l’avion mais très peu quand on passe de la réservation de son billet de l’agence de voyage du coin à Internet ! On gagne en efficacité avec les smarphones mais assez peu à regarder des vidéos ou à jouer au nouveau jeu à la mode.

 

Pour Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, cette vision des choses est complètement dépassée. Les gains d’efficacité économique ne consistent plus à accroître la force physique des salariés ou à envoyer des produits plus vite d’un bout à l’autre de la terre. L’innovation, c’est ce qui permet d’utiliser davantage et mieux notre intelligence. De ce point de vue, avec l’intelligence artificielle, nous serions à l’aube d’innovations et de gains de productivité exceptionnels.

 

Nul doute pour Gordon que l’innovation se poursuit et va continuer encore dans les années qui viennent. Mais à la question de savoir si ces innovations seront sources de gains de productivité, sa réponse est clairement non. Les labos pharmaceutiques ? Ils dépensent de plus en plus en recherche et développement pour obtenir de moins en moins de résultats. Les robots ? Leurs capacités restent très limitées, etc. En France, il est rejoint sur cette ligne par Patrick Artus et Daniel Cohen.

 

Le débat s’est ensuite poursuivi avec d’autres types d’arguments. Pour Philippe Aghion par exemple, on mesurerait mal les gains de productivité associés aux nouvelles technologies.


 

Mais le ralentissement des gains de productivité est généralisé à pratiquement tous les secteurs. Et il faudrait expliquer pourquoi année après année on mesure de plus en plus mal.

 

Pour Michel Aglietta, la dynamique qu’impose des cycles financiers de plus en plus amples aux économies réelles conduit à faire monter les dettes et à réduire les investissements et les gains de productivité. Pour Philippe Askénézy et Christine Erhel, on peut montrer un lien entre flexibilité accrue du marché du travail et ralentissement de la productivité : des contrats de plus en plus courts entraînent moins de sécurité pour les salariés et moins d’investissement des entreprises dans la formation de ces salariés flexibles, les deux conduisant à une baisse de la productivité.

 

Enfin, pour Paul Krugman ou Lawrence Summers, les raisons de la grande stagnation sont à trouver plus du côté de la demande que de l’offre. Des inégalités croissantes laissent peu de revenus à la grande majorité de la population et la robotisation accrue de l’industrie va toucher les emplois. Face à cette diminution de la demande, les entreprises seront moins incitées à investir. Et quand elles le feront, ce ne sera plus comme hier : Sony, qui emploie plus de 140 000 personnes dans le monde, est valorisée un peu moins de 18 milliards de dollars, l’application d’échange d’informations pour mobile WhatsApp a été rachetée par Facebook pour 19 milliards, elle emploie 55 personnes.

 

La conclusion de tout cela est que l’épargne disponible prête à s’investir devrait durablement se situer bien au-dessus des souhaits d’investissement. L’économie mondiale pourrait connaître une longue période d’excès d’épargne, plus court chemin vers une stagnation durable.

 

Les arguments décrivant une possible longue stagnation sont donc nombreux. Est-ce grave ? Pas forcément, expliquent des économistes comme Tim Burton ou Jean Gadrey. Parce qu’il faut développer des activités de care  - les activités de service liées à l’attention aux biens communs, aux personnes âgées, à la santé, etc. _ où la productivité est faible et parce que, pour sauver l’humanité, nous devons évoluer vers la sobriété énergétique et matérielle.


On peut connaître la prospérité sans la croissance.

 

Christian Chavagneux, La stagnation séculaire : la prospérité, c'est fini ?, une vidéo stratégie et Management.


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