Connexion
Accédez à votre espace personnel
Recevez nos dernières vidéos et actualités quotidiennementInscrivez-vous à notre newsletter
ÉCONOMIE
Décryptages éco Intelligence économique Intelligence sectorielle Libre-propos Parole d'auteur Graphiques Notes de lecture
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Comprendre Stratégies & Management A propos du management Parole d'auteur
IQSOG
RUBRIQUES
Économie généraleFranceEurope, zone euroÉconomie mondiale Politique économique Emplois, travail, salairesConsommation, ménagesMatières premières Finance Géostratégie, géopolitique ComprendreManagement et RHStratégieMutation digitaleMarketingEntreprisesFinanceJuridiqueRecherche en gestionEnseignement, formation
NEWSLETTERS
QUI SOMMES-NOUS ?


Le biais idéologique des économistes : démonstration

Publié le vendredi 26 avril 2019 . 4 min. 46

Voir plus tard
Partager
Imprimer

Les économistes sont-ils les représentants d’une science technique et objective ou bien portent-ils des biais idéologiques qui les incitent à chercher les réponses… qui conviennent à leurs préjugés ?
Mohsen Javdani, de l’université de Colombie britannique et Ha-Joon Chang de Cambridge, ont voulu répondre à cette question, en particulier pour apprécier comment sont traités les points de vues des économistes hétérodoxes. Comme personne n’aime avouer sa partialité, ils ont dû pour cela recourir à la ruse. Leur conclusion est sans appel : l’idéologie joue un rôle important dans le travail des économistes.

Comment faire avouer à quelqu’un ses partis pris ? Pour y arriver, nos deux spécialistes ont eu recours… au mensonge. Ils ont adressé un questionnaire à des économistes établis dans 19 pays (universitaires, hauts fonctionnaires, membres de think tanks, etc.) et ont obtenu un peu plus de 2400 réponses.

Lorsqu’ils ont demandé aux économistes comment ils devaient évaluer un argument économique, 82 % ont répondu, bien évidemment, par son seul contenu. Pour tester la crédibilité de cette réponse, Javdani et Chang leur ont alors soumis 15 affirmations sur des questions économiques en leur demandant de dire s’ils les partageaient ou pas. Une partie des économistes avaient les véritables auteurs des affirmations mais, voici la ruse, pour une autre partie, les auteurs étaient remplacés par d’autres considérés comme plus hétérodoxes dans le champ de la discipline.

Par exemple, une citation sur le fait que les riches ont tendance à faire sécession était attribuée soit à son véritable auteur, le prix de la Banque de Suède en économie Angus Deaton, soit à Thomas Piketty. Une autre sur l’injustice du capitalisme, prononcée par l’ancien ministre des Finances et ancien président d’Harvard Lawrence Summers est faussement attribuée au trublion et ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis.

On a compris la technique : si la proposition est vraie lorsqu’elle est prononcée par Summers et fausse si elle provient de Varoufakis, c’est que l’idéologie joue un rôle important.

Voici les résultats. De manière générale, l’acceptation de l’affirmation du point de vue d’un économiste orthodoxe diminue de 7 % lorsqu’il est attribué à un économiste hétérodoxe, un écart statistiquement important.

Ainsi, l’accord avec l’injustice du capitalisme diminue de 9,5 % lorsque les participants pensent qu’elle provient de Varoufakis plutôt que de Summers. Si l’affirmation de l’aspect aliénant de la division du travail provient de Marx, alors qu’elle est signée d’Adam Smith, le taux de soutien baisse de 12 % ! Si la remise en cause du droit de propriété est attribuée au compère de Marx, Friedrich Engels, l’approbation diminue de 14,4 % par rapport à son auteur d’origine, l’économiste considéré comme libéral John Stuart Mill. Et même si l’étude des inégalités a retrouvé droit de citer ces dernières années, affirmer que les riches font sécession du reste de la société reçoit 6,4 % de moins de soutien si cela vient de Thomas Piketty plutôt que du prix de la Banque de Suède Angus Deaton.

De manière paradoxale, une proposition indiquant que les économistes sont victimes des biais de la communauté dans laquelle ils travaillent – les économistes de banques auront tendance à défendre les banques dit par exemple la citation – est jugée aussi crédible qu’elle vienne de l’économiste des années 1930 Irving Fisher ou de John Kenneth Galbraith. Comme si la vision baisée des économistes ne faisait pas débat !

En demandant aux économistes comment ils se situent politiquement, Javdani et Chang montrent que l’effet idéologique est six fois plus élevé pour ceux qui penchent très à droite par rapport à ceux qui penchent très à gauche.

Autre enseignement, les hommes affichent un biais de 42 % supérieur à celui des femmes, en général, et sur le rôle des femmes chez les économistes en particulier. Lorsqu’une déclaration sur leur place insuffisante dans la profession est attribuée à Diane Elson, une économiste féministe britannique, à la place de sa véritable autrice, l’économiste américaine bien en cours Carmen Reinhart, son taux d’approbation chez les hommes s’effondre.

Les économistes disposent d’outils techniques et de réflexion puissants qui aident à comprendre le monde. Il est donc d’autant plus important de contrôler la façon dont ils les utilisent, notamment en s’assurant qu’existent entre eux un débat ouvert, respectueux des arguments de ceux qui offrent des explications différentes de celles de l’économie dominante du moment. Ce n’est franchement pas le cas aujourd’hui.


x
Cette émission a été ajoutée à votre vidéothèque.
ACCÉDER À MA VIDÉOTHÈQUE
x

CONNEXION

Pour poursuivre votre navigation, nous vous invitons à vous connecter à votre compte Xerfi Canal :
Déjà utilisateur
Adresse e-mail :
Mot de passe :
Rester connecté Mot de passe oublié?
Le couple adresse-mail / mot de passe n'est pas valide  
  CRÉER UN COMPTE
x
Saisissez votre adresse-mail, nous vous enverrons un lien pour définir un nouveau mot de passe.
Adresse e-mail :