Les fonctionnaires, c’est bien connu : il y en a trop, ils coûtent trop chers, ils sont trop protégés et ils sont trop souvent malades.
Le président de la République a promis de réduire de 120 000 le nombre de fonctionnaires sur son quinquennat. La France en a-t-elle trop par rapport aux autres pays ? Selon les calculs de Xavier Timbeau de l’OFCE, si l’on prend toutes les personnes offrant des services publics quel que soit leur statut, la France en compte 126 pour mille habitants….soit le même niveau que l’Allemagne, le Royaume-Uni ou le Canada. Et il est plus élevé aux Etats-Unis.
Couper dans les effectifs ne sera pas facile : l’hôpital, l’éducation et la sécurité, en manque de personnels, représentent 60 % du total des 5,65 millions d’agents publics. Certes, les collectivités locales ont connu une forte croissance des emplois depuis le début des années 2000 (plus 1/3 environ). Mais les personnels administratifs ne comptent que 20 % du total. Et la population française augmente.
Sont-ils trop chers ? En 2015, un fonctionnaire territorial touchait, en moyenne, 1890 euros nets par mois. A l’hôpital, la rémunération s’établit à 2240 euros et à 2490 euros dans la fonction publique d’Etat contre 2250 euros dans le privé. Alors que les fonctionnaires sont plus âgés et comptent proportionnellement plus de cadres, leur rémunération est au même niveau que le privé.
Le gel du point d’indice entre 2010 et 2016 leur a fait perdre du pouvoir d’achat et les deux hausses de 0,6 % fin 2016 et début 2017 ne représentent qu’un faible rattrapage. D'un pic de 27,5 % des dépenses publiques en 1977, la part des rémunérations des fonctionnaires n’a cessé de diminuer pour atteindre 23 % en 2016 : ils semblent désormais considérés uniquement comme une piste d’économies potentielles.
Les fonctionnaires sont-ils trop protégés ? En fait, 17 % sont des contractuels, 4 % des contrats aidés et 7 % ont un statut particulier (médecin…). Pour calculer leur retraite, on prend en compte leurs six derniers mois de salaires contre les 25 meilleures années dans le privé, mais sans tenir compte des primes qui représentent en moyenne un quart des rémunérations (de 5 % pour les professeurs des écoles à 45 % pour les postes de direction dans l’Etat).
Enfin, les fonctionnaires sont-ils des tire-au-flanc ? Une étude récente de l’INSEE sur les impacts de la journée de carence – la non indemnisation de la première journée de maladie – par Nicolas Sarkozy entre 2012 et 2014 montre que le nombre d’agents malades n’a pas diminué mais la durée des arrêts oui : les arrêts maladie ont été plus longs.
Qu’en est-il aujourd’hui ? En 2016, le nombre de salariés absents au moins un jour au cours d’une semaine est de 4 % dans la fonction publique contre 3,8 % dans le privé. L’écart n’est pas vraiment significatif. Mais il existe des variations importantes : c’est 3 % des salariés pour les fonctionnaires d’Etat, 4,7 % dans l’hospitalière en sous-effectif et 5,1 % dans la territoriale avec horaires atypiques et tensions avec le public. Le baromètre Ayming sur l’absentéisme place le taux à 4,6 % dans le secteur privé et monte à 5 % dans le secteur de la santé et 5,5 % dans les services, signes de métiers difficiles aussi bien dans le privé que dans le public.
Stigmatiser les fonctionnaires revient à éluder la question de fond : quels sont les services publics qui, transférés au privé, seraient plus efficaces ?
Christian Chavagneux, Les fonctionnaires : trop nombreux, trop payés, trop malades ?, une vidéo Xerfi Canal Economie.
Publié le mardi 12 décembre 2017 . 3 min. 58
Les dernières vidéos
Emplois, travail, salaires
Les dernières vidéos
de Christian Chavagneux
LES + RÉCENTES
LES INCONTOURNABLES