La parité euro-dollar n'est pas pour demain
Publié le lundi 15 février 2016 . 2 min. 48
Ce fut longtemps présenté comme le trade de l'année. La possibilité que l'euro/dollar atteigne la parité a donné des sueurs froides aux investisseurs depuis deux ans. De nombreuses banques anticipent encore cette possibilité dans leurs prévisions. Pourtant, force est de constater que cette perspective est loin de se matérialiser.
Il y a essentiellement quatre facteurs qui expliquent la forte résistance de l'euro face à la monnaie américaine.
Le premier, certainement le plus important, a trait à l'excédent du compte courant de la zone euro. Depuis plus de deux ans, il a limité la baisse de l'euro sur le marché des changes. Cet aspect devrait encore fortement jouer en 2016 puisque l'excédent du compte courant ne cesse de s'accroître. En novembre 2015, il atteignait presque 30 milliards d'euros.
Le deuxième facteur est lié à l'amélioration de la conjoncture économique dans l'Union. Bien que la croissance reste faible par rapport à ses niveaux d'avant-crise, avec une perspective de progression du PIB comprise entre 1,5% et 1,7% cette année, la zone euro se rétablit progressivement. Les investisseurs ne fuient plus l'euro, comme ce fut le cas pendant la période 2010-2012 de la crise de la dette souveraine.
Troisième facteur, et non pas des moindres, la politique monétaire. La logique voudrait que le différentiel de politique monétaire entre les deux bords de l'Atlantique plaide en faveur d'une dépréciation de l'euro. La Réserve Fédérale américaine a enclenché en fin d'année un cycle de redressement des taux tandis que la BCE maintient ses mesures ultra-accommodantes et pourrait même les renforcer en mars prochain. Le marché a néanmoins conscience que le potentiel d'appréciation des taux aux Etats-Unis est limité et que la BCE est à court d'outils pour assouplir encore davantage sa politique monétaire. Dans ces conditions, personne ne s'attend à des changements significatifs du côté des banques centrales dans les mois à venir qui pourraient pousser nettement à la baisse l'euro/dollar.
Enfin, quatrième facteur, les turbulences de marché observées depuis le début de l'année, et qui pourraient perdurer plusieurs mois en raison des inquiétudes à propos de la Chine, ont incité les investisseurs à dénouer leurs investissements spéculatifs à haut rendement pour racheter des monnaies traditionnelles de financement. Ce phénomène a considérablement soutenu le cours de la monnaie unique. L'heure n'est pas encore venue où l'on verra chuter l'euro/dollar à la parité, voire sous la parité comme l'annoncent de nombreux analystes.
Christopher Dembik, La parité euro-dollar n'est pas pour demain, une vidéo Xerfi Canal TV
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