Déflation : la contamination
Publié le jeudi 4 septembre 2014 . 2 min. 26
Derrière la déflation actuelle, il y a d’abord une pression venue de l’extérieur. C’est d’abord la déferlante des produits« low cost » venus des pays émergents depuis le début des années 90. Plus grave, avec la crise de 2007-2008, c’est la diffusion de la guerre par les coûts à l’ensemble du monde développé. Tous les grands pays se sont lancés dans des politiques de compétitivité pour gagner des parts de marché. Et quelle que soit l’arme utilisée - déflation salariale, guerre des changes, choix énergétiques radicaux, le résultat est le même : les coûts mondiaux de production dans l’industrie baissent, les prix aussi. Face à cette offensive généralisée, les industriels français ont pris du retard, mais sont condamnés à suivre pour survivre. Le mot d’ordre, c’est de baisser les prix, de gré ou de force. Mais comme la productivité ne suit pas, ce sont les marges qui trinquent. Des marges qui étaient déjà en France parmi les plus faibles d’Europe. Les entreprises n’ont pas eu d’autres choix que de se lancer dans une course à la réduction de leurs coûts. D’abord en en faisant pression sur leurs fournisseurs. Ensuite en freinant les investissements. Investir devient risqué dans une économie en surcapacité et ou la rentabilité est trop faible, même avec des taux d’intérêt historiquement bas. Enfin bien sûr en comprimant l’emploi et les salaires pour alléger la masse salariale. C’est là que le piège se referme. En matraquant leurs fournisseurs, pour qu’ils pratiquent des prix toujours plus bas, les industriels les contraignent à rogner à leur tour sur leurs marges. Ceux situés en amont, bien sûr, mais pas seulement. Les services aux entreprises (les cabinets comptables, les agences publicitaires, les services informatiques, les sociétés de conseil etc.) sont à leur tour contaminés. Signe des temps : des offres low cost émergent dans ces professions très qualifiées. Les services achats mènent la vie dure, les négociations sont rudes, les appels d’offres se généralisent. Vous l’aurez compris, les services s’engagent dans la même logique de réduction des coûts que l’industrie avec à la clé les même effets sur leurs fournisseurs, l’investissement, l’emploi et les salaires. Et la contamination des pressions déflationnistes continue. Quand les salaires et embauches sont sous une telle pression, le commerce affronte une demande essoufflée. Pour stimuler les ventes, il faut alors baisser les prix, comprimer les marges, faire pression sur les fournisseurs. La boucle est bouclée. C’est un cercle vicieux infernal dans lequel les Japonais sont ainsi enfermés depuis 20 ans. A se demander, si le schéma nippon n’a pas été le précurseur de ce que subit la zone euro, et donc la France, aujourd’hui. Et la déflation, aucune théorie économique ne donne le mode d’emploi pour en sortir.
Le graphique, Déflation : la contamination, une vidéo Xerfi Canal
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