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Nos vies peuvent-elles échapper au pouvoir des algorithmes ?

Publié le jeudi 8 juin 2017 . 4 min. 20

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A-t-on enfin trouvé avec les algorithmes, et leur prolifération invisible, le meilleur moyen de gouverner nos conduites ? Que reprocher à des systèmes qui finalement prennent en charge nos demandes futures et nous renseignent en continu sur notre rythme cardiaque, aussi bien que l’état du traffic routier, l’état des stocks de nos magasins préférés ou encore la régulation automatique de la température du bain selon notre niveau de stress du jour ? Plutôt que d’avoir une loi à respecter ou un chef à qui obéir, n’est-il pas plus satisfaisant de n’avoir au dessus de soi qu’un logiciel apprivoisé de telle manière qu’il nous délivre en permanence des conseils personnalisés, lesquels s’affinent en fonction de nos choix passés, sans qu’à aucun moment il ne faille produire le moindre effort?


Dans son dernier essai La vie algorithmique – critique de la raison numérique, paru aux editions L’échappée, Eric Sadin paraît en douter fortement, même lorsqu’il décrit la fin de journée d’un individu lamba bénéficiant de tels avantages : « Vous vous mettez au lit : le matelas intuitif détecte une tension lombaire, entreprend un massage approprié, qui favorise peu à peu votre assoupissement. Le système de gestion automatisé de l’habitat reçoit l’information de votre endormissement, lance le procédé de purification nocture de l’air, vous souhaite d’une voix tamisée et subliminale : « Que cette nuit soit douce et vous apporte un repos salutaire ».


C’est d’une lumière noire en effet que Sadin éclaire son lecteur sur la possiblité de comprendre les grands enjeux de l’optimisation algorithmique et de l’implantation de capteurs sur les objets aussi bien que sur les vivants que nous sommes. Pour cet essayiste en effet, l’un des rares en France à s’intéresser à ce changement paradigmatique majeur, cette totale prise en charge robotisée de nous-mêmes et de nos aspirations a de quoi inquiéter. Car ce qu’il s’agit de mettre en place c’est au fond un système de rationnalisation absolu, un panopticom universel qui permette de piloter nos vies, aussi bien que nos organisations, avec un niveau de théorisation mathématique inexploré jusque-là. C’est d’ailleurs le sens du propos d’un ancien patron de Google expliquant au fond que « le pouvoir de ciblage individuel grâce à la technologie sera tellement parfait qu’il sera très dur pour les personnes de voir ou de consommer quelque chose qui n’a pas été taillé sur mesure pour elles » (p. 141).


Cette prise en charge de nous-mêmes et de nos envies a ceci de despotique qu’elle ne permettrait donc plus à chacun d’exprimer un désir qui ne soit déjà court-circuité par la prédiction algorythmique. Cette nouvelle rationalité instrumentale semble vouloir se dérober à ce qui pourtant résiste, notre sensiblité humaine, notre subjectivité affective, celle qui nous permet de créer, de dire non, de dévier de notre route toute fixée à l’avance, pour éviter le désastre. C’est d’ailleurs, dans un exemple typique ce que reconnaissait McNamara le secrétaire de la défense sous Kennedy et Johnson, d’avoir engagé la guerre au Vitenam sur la base d’informations chiffrées en oubliant au passage d’apprécier la situation grâce à d’autres critères comme l’histoire, la langue, les valeurs de l’Asie du Sud-est, comme il le reconnu lui-même, mais trop tard.


La leçon doit être entendu pour les métiers, comme ceux du management, qui concerne la prise de décision. Le monde doit aussi être mesuré qualitiativement. Le management « data-driven » est une tentation à laquelle il sera difficile de résister, mais il faudra pourtant le faire afin de préserver les capacités imaginatives des organisations. Seules les sciences humaines et leurs capacités critiques sont de nature à s’opposer au projet totalitaire du biohygiénisme algorithmique. Parmi ceux qui en sont peut-être plus conscients que d’autres les ingénieurs eux-mêmes et notamment les signataires du critical engeneering manifesto, que vous pouvez trouver en ligne, qui rappelle ô combien l’informatique a plus que jamais besoin de se tourner vers l’architecture, la philosophie et l’histoire de l’art.


D'APRÈS LE LIVRE :

La Vie algorithmique

La Vie algorithmique

Auteur : Éric Sadin
Date de parution : 12/03/2015
Éditeur : L'ECHAPPEE EDITIONS
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