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Comment se forment les institutions ?


C’est en répondant à cette question que Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson, ont eu cette année le prix Nobel d’écobomie « pour leurs études sur la façon dont les institutions sont formées et affectent la prospérité », selon le jury dans ses attendus.


Les non-économistes et même des économistes moins biberonnés à la théorie dominante, peuvent s’étonner de ce type de justification. On comprend mieux quand on sait que cette théorie, à base néoclassique est construite sur l’hypothèse d’un individualisme méthodologique qui conçoit la société composée d’agents munis dès l’origine de préférences qui leur sont propres et qui, au travers de leurs activités de production et de consommation recherchent rationnellement leur intérêt particulier. Et l’un des résultats canoniques de la théorie est que ces interactions, a priori non coordonnées, conduisent à un équilibre général où personne ne peut espérer mieux que ce qu’il a sans léser un autre agent (on parle d’optimum de Pareto). Ce miracle serait le résultat d’une main invisible que les économistes aiment bien convoquer et attribuer à Adam Smith, considéré comme un des fondateurs de l’économie politique. Pourtant, Adam Smith n’a utilisé cette expression de « main invisible » que trois fois dans son œuvre publiée en lui attribuant un sens qui n’a rien à voir avec celui que les économistes lui donnent. Ni l’expression du fonctionnement harmonieux du marché, ni la convergence des intérêts privés (et souvent les deux), mais le signe d’une ignorance à combler. Car parler de main invisible n’explique rien.


Certes, on comprend que dans ce cadre théorique composé d’agents que tout sépare, les institutions soient une énigme dont il faut comprendre la formation. Mais c’est évidemment inverser le processus réel. Les institutions ne se forment pas sur fond d’interactions d’agents isolés au départ. Elles sont présentes avant l’existence de ces agents et constituent le cadre social dans lequel ils deviennent pleinement humains et peuvent ensuite transformer ces institutions qui seront alors le nouveau théâtre où leurs descendants se développeront.


Cette constante de l’accent mis sur l’analyse du comportement individuel pour « comprendre » les faits économiques est une pierre angulaire de la « science » économique et caractérise presque tous les prix Nobels de la discipline. La suite logique de cette évolution de la « science » économique c’est évidemment de persévérer encore à partir de l’individu isolé et c’est bien ce qui se produit actuellement avec le nouveau sous-champ disciplinaire qu’est l’économie neuronale. Il s’agit ici d’étudier, avec l’imagerie cérébrale, les réactions du cerveau à des situations d’ordre économique pour identifier les bases neurobiologiques des actions humaines. On cherche ainsi à repérer les zones du cerveau qui s’activent selon le stimulus qui s’exerce sur lui. On peut parier sans grand risque que l’attribution d’un prix « Nobel » à un spécialiste de ce domaine ne va pas tarder, avant sans doute de franchir un pas de plus et de voir apparaître une économie génétique qui chercherait dans le génome humain le secret des comportements humains. Mais comme l’a dit il y a déjà longtemps Politzer, il en va du génome comme de la psychologie, à propos de laquelle il écrit qu’elle « ne détient nullement le "secret" des faits humains, simplement parce que ce "secret" n’est pas d’ordre psychologique ». Et pas plus on ne trouvera dans les gènes le « secret » des comportements de l’agent économique, pas davantage il faut espérer le trouver dans son cerveau.


La science économique serait bien avisée de ne pas partir de l’individu isolé pour comprendre la société, mais de faire la démarche inverse. Comme l’a fait Elinor Ostrom en considérant dès le départ des collectifs et non des individus. Un prix Nobel en 2009 atypique d’autant qu’elle n’était pas économiste mais politologue. Ceci expliquant sans doute cela.


Publié le mercredi 15 janvier 2025 . 4 min. 18

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