Il est frappant de constater à quel point la parole médiatique des économistes en France est monopolisée par les représentants du courant néoclassique. Ces derniers, partisans de l’individualisme méthodologique, considèrent que l’individu et ses préférences innées sont la clé de toute construction sociale. Cette hégémonie intellectuelle inverse la causalité entre société et individu, rendant la première incompréhensible si l’on considère que l’individu la précède nécessairement. Pourtant, la crise sanitaire de la Covid-19 a révélé avec force combien l’absence de liens sociaux affecte directement les individus. Le confinement, en brisant ces liens, a démontré que l’individu, loin d’être une entité autonome, dépend profondément d’un cadre social préexistant pour exister pleinement.
L’angle adopté par ces économistes a une conséquence majeure : il attribue la responsabilité des crises actuelles, qu’elles soient climatiques ou sanitaires, aux comportements individuels jugés inadaptés. La solution consisterait donc à convaincre les citoyens de changer, plutôt qu’à remettre en question nos politiques publiques et nos modèles de production et de consommation. Cette vision, qui englobe tous les individus dans un "nous" indifférencié, occulte les disparités sociales et les inégalités réelles d’action. Elle place ainsi sur un pied d’égalité le sans-abri et le milliardaire, ou encore l’infirmière qui manifeste sans réponse et le décideur politique qui l’ignore. En refusant de prendre en compte ces distinctions fondamentales, on se condamne à une incompréhension des causes profondes de la crise et, par conséquent, à l’incapacité d’y remédier.
Cette posture, qui prétend éduquer le peuple plutôt que de modifier les choix politiques, repose sur une vision paternaliste du citoyen, supposé immature et incapable de discernement. Cette approche est notamment défendue par les économistes de la théorie des incitations, qui s’appuie sur l’hypothèse de l’individu rationnel et calculateur. Leur principal objectif, en matière de politiques publiques ou de management, est de minimiser les rentes de situation liées aux asymétries d’information, afin de tendre vers un modèle de marché parfait. Ils se présentent ainsi comme les architectes de mécanismes incitatifs censés aligner les comportements individuels sur les prédictions théoriques. Or, ce faisant, ils s’octroient eux-mêmes une rente de situation, en se positionnant comme les seuls détenteurs de la vérité économique dans l’espace médiatique.
Ce phénomène n’est pas isolé. Comme le souligne Paola Subacchi, professeure à la London’s Queen Mary Global Policy Institute, « aux niveaux hiérarchiques où se prennent les décisions, les débats sur la politique économique restent dominés par un petit groupe d’hommes blancs, issus des universités et think tanks américains, majoritairement fidèles à l’orthodoxie ». Il est donc urgent que les médias prennent conscience de leur biais en faveur d’un courant qui, loin d’avoir prouvé son efficacité, a failli à plusieurs reprises. Rappelons-nous qu’avant la crise des subprimes, ses figures les plus éminentes affirmaient que tout allait pour le mieux. Robert Lucas, prix "Nobel" d’économie, déclarait même en 2003 que "la prévention des dépressions a, pour ainsi dire, été résolue pour plusieurs décennies". L’histoire a tristement prouvé le contraire.
L’angle adopté par ces économistes a une conséquence majeure : il attribue la responsabilité des crises actuelles, qu’elles soient climatiques ou sanitaires, aux comportements individuels jugés inadaptés. La solution consisterait donc à convaincre les citoyens de changer, plutôt qu’à remettre en question nos politiques publiques et nos modèles de production et de consommation. Cette vision, qui englobe tous les individus dans un "nous" indifférencié, occulte les disparités sociales et les inégalités réelles d’action. Elle place ainsi sur un pied d’égalité le sans-abri et le milliardaire, ou encore l’infirmière qui manifeste sans réponse et le décideur politique qui l’ignore. En refusant de prendre en compte ces distinctions fondamentales, on se condamne à une incompréhension des causes profondes de la crise et, par conséquent, à l’incapacité d’y remédier.
Cette posture, qui prétend éduquer le peuple plutôt que de modifier les choix politiques, repose sur une vision paternaliste du citoyen, supposé immature et incapable de discernement. Cette approche est notamment défendue par les économistes de la théorie des incitations, qui s’appuie sur l’hypothèse de l’individu rationnel et calculateur. Leur principal objectif, en matière de politiques publiques ou de management, est de minimiser les rentes de situation liées aux asymétries d’information, afin de tendre vers un modèle de marché parfait. Ils se présentent ainsi comme les architectes de mécanismes incitatifs censés aligner les comportements individuels sur les prédictions théoriques. Or, ce faisant, ils s’octroient eux-mêmes une rente de situation, en se positionnant comme les seuls détenteurs de la vérité économique dans l’espace médiatique.
Ce phénomène n’est pas isolé. Comme le souligne Paola Subacchi, professeure à la London’s Queen Mary Global Policy Institute, « aux niveaux hiérarchiques où se prennent les décisions, les débats sur la politique économique restent dominés par un petit groupe d’hommes blancs, issus des universités et think tanks américains, majoritairement fidèles à l’orthodoxie ». Il est donc urgent que les médias prennent conscience de leur biais en faveur d’un courant qui, loin d’avoir prouvé son efficacité, a failli à plusieurs reprises. Rappelons-nous qu’avant la crise des subprimes, ses figures les plus éminentes affirmaient que tout allait pour le mieux. Robert Lucas, prix "Nobel" d’économie, déclarait même en 2003 que "la prévention des dépressions a, pour ainsi dire, été résolue pour plusieurs décennies". L’histoire a tristement prouvé le contraire.
Publié le mardi 18 mars 2025 . 4 min. 09
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