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Faut-il taxer davantage les ultra-riches ? On aborde souvent cette question, quand on se revendique libéral en économie, en expliquant que la notion de richesse est très relative, qu’on est toujours le riche d’un autre, ce qui rend difficile de trouver une base de taxation homogène, comme l’a montré le cas des petits propriétaires de l’île de Ré qui se trouvaient « riches malgré eux » et devaient payer l’ISF malgré des revenus mensuels de l’ordre de 1000 euros à cause de la flambée des prix de l’immobilier. Bien sûr, cette explication peine à convaincre, tant il est difficile d’admettre que si, selon un rapport sur les inégalités mondiales, on est riche à partir de 3578 euros par mois, on est comparable avec un patron du CAC 40 qui a eu en 2022 un revenu moyen annuel de 6,6 millions d’euros, en augmentation de 27% en trois ans. Alors l’économiste libéral explique que, de toute façon, les ultra-riches ne sont (hélas) pas assez nombreux ce qui rend peu efficace leur taxation. Comme on l’entend souvent, le rendement d’un impôt sur les plus riches c’est « peanuts » et ce fut l’argument utilisé pour justifier la suppression de l’ISF et son remplacement par l’IFI, pourtant moins rentable puisque portant sur une assiette réduite.


Ce n’est pas l’avis de Gabriel Zucman, un économiste français professeur à l’École Normale Supérieure de Paris, qui vient de rendre en juin 2024 au président Brésilien dans le cadre du G20, un rapport sur la taxation des grandes fortunes. Selon ses calculs, en tenant compte de la fraude et de l’évasion fiscale que les très riches ne manqueraient pas de pratiquer (ils le font déjà), la taxation des près de 3000 milliardaires dans le monde à un taux de 2% sur leur fortune (ce qui impliquerait un surcroît d’imposition de 1,7% sur leur revenu puisqu’ils sont actuellement taxés à hauteur de 0,3%), rapporterait 193 milliards de dollars de recettes fiscales par an. Selon Challenges, il y a 147 milliardaires en France en 2024 qui, taxés selon les propositions de Gabriel Zucman produiraient un supplément de recettes de 9,47milliards, donc du même ordre de grandeur que les dix milliards d’économie que Bercy veut faire en coupant dans les dépenses. Et ce montant pourrait être facilement augmenté si on étendait la mesure aux 500 millionnaires français à plus de 245 millions de fortune.


On est donc assez loin des sommes négligeables qui seraient perçues par le fisc s’il taxait davantage les ultra-riches, même avec de faibles taux comme celui de 2% proposé par Gabriel Zucman. Car il y a de la marge comme l’explique un rapport d’Oxfam qui constate qu’avec un taux d’imposition de 8% la fortune des milliardaires serait restée constante au cours des deux dernières décennies, ce qui était loin de les mettre sur la paille.


Il y a aussi de la marge si on luttait sérieusement contre la fraude. Dans un livre publié en 2014, La richesse cachée des nations, enquête sur les paradis fiscaux, Gabriel Zucman, toujours lui, estimait à 8% le patrimoine financier mondial placé dans les paradis fiscaux, soit 5800 milliards d’euros dont 4700 seraient non déclarés. On peut l’estimer en comparant le total des fonds issus d’un pays donné répartis dans le monde avec ceux qui sont répertoriés dans chaque pays. Ainsi, 2200 milliards venant du Luxembourg sont placés dans le monde quand seuls 1200 milliards sont répertoriés. Les 1000 milliards manquants sont dans des comptes offshore.


Un dernier argument opposé à toute idée de taxation des grandes fortunes serait l’impossibilité pratique de la mettre en place. Pour qu’une telle taxation voit le jour il faudrait connaître le montant des fortunes de chacun et la répartition de chaque fortune individuelle par pays. Cela suppose des échanges d’information pour constituer un cadastre financier mondial et la création d’un organisme indépendant des Etats qui compare les déclarations fiscales avec les données du cadastre et puisse infliger des sanctions en cas de fraude constatée. Les échanges d’information et une taxation minimale existant déjà entre Etats pour les multinationales prouvent que la taxation des grandes fortunes est parfaitement réaliste. Même certains milliardaires sont pour.


Publié le lundi 30 septembre 2024 . 4 min. 47

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