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John Quigging est un économiste réputé, notamment sur l’environnement ou la décision en incertitude. Professeur à l’université du Queensland en Australie il a publié en 2010, suite à la crise financière de 2008, un livre Zombie Economics qui s’attache à montrer combien la défense libérale du marché dépend d’idées qui ont été justement démenties par cette crise.


Ce type d’idées, sont de celles qui ont la vie dure en ce sens qu’elles semblent toujours réapparaître même après avoir été contredites par le fonctionnement pratique de l’économie. C’est par exemple le cas de l’idée de l’efficacité des marchés financiers qui seraient toujours capables d’exploiter au mieux toute l’information donnée par les prix pour atteindre l’équilibre économique optimal. Ces idées reviennent sans cesse dans le débat public alors qu’on aurait pu penser qu’elles seraient à jamais déconsidérées. Ni jamais mortes, ni complètement vivantes car soumises à de nouvelles remises en question, ce sont des idées zombies, comme les qualifie Paul Krugman, un qualificatif repris par John Quigging pour son livre.


Parmi les idées qu’il examine, il y a la « théorie du ruissellement ».


Cette théorie justifie des politiques économiques qui affirment que si elles bénéficient aux plus riches, elles seront aussi à terme bénéfiques à tous. Plus concrètement, cette théorie implique de ne pas augmenter les impôts sur les plus riches et les entreprises, puisque ceux-ci utiliseront leurs revenus pour investir et donc obtenir une croissance en hausse, qui permettrait d’augmenter les recettes publiques, donc de réduire le déficit ce qui bénéficierait à tous. C’est la mécanique qu’est censée mettre en route la politique de l’offre, une application de cette théorie qui est devenue dominante dans les années 1980 comme le souligne John Quigging et qui consiste justement à privilégier la rentabilité immédiate des entreprises, en réduisant la fiscalité les concernant pour enclencher ce cercle vertueux débouchant sur l’amélioration du bien-être de tous.


A l’appui de cette conviction, nombreux sont les économistes qui ont expliqué que la croissance observée dans les années 1980 en Irlande, en Islande ou dans les pays baltes était due à cette fiscalité favorable aux entreprises. Mais c’est précisément cet enchaînement vertueux conduisant à une croissance profitant à tous dont la crise de 2008 a montré qu’il n’était qu’un succès apparent construit sur du sable comme l’écrit John Quigging. Car en réalité, les investissements censés découler de cette fiscalité favorable aux riches se sont révélés fait pour l’essentiel sur les marchés financiers qui se sont précisément développés parallèlement à l’émergence de cette politique de l’offre. Et ces placements financiers n’avaient pas pour objectif d’être productifs mais étaient en fait majoritairement spéculatifs et ont engendré la crise.


Finalement, non seulement la vie meilleure à terme promise par cette théorie n’est toujours pas visible, mais ce que l’on observe, c’est bien plutôt le contraire : une augmentation spectaculaire des inégalités. Et pas uniquement des inégalités de revenu. John Quigging cite de nombreuses études qui documentent ce constat également comme sur l’accès aux services publics, en particulier de santé et d’éducation, ou sur la mobilité sociale où les enfants ont d’autant plus de chances d’avoir de bonnes situations que leurs parents ont eux-mêmes un statut social élevé. Et même sur la possibilité d’acquérir des biens d’équipements ménager, machine à laver, réfrigérateur, télévision, ordinateur malgré la baisse de prix de ces équipements.


Quant aux inégalités de revenu, et c’est la seule vérification observable à mettre au crédit de la théorie du ruissellement, elle est valable au sommet de la hiérarchie des revenus avec les salaires stratosphériques des PDG qui ruissellent ensuite sur les top managers. Pendant ce temps-là, les plus pauvres le deviennent davantage et les classes moyennes peinent à se maintenir


Publié le jeudi 24 octobre 2024 . 4 min. 20

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