Si l’Europe ne bascule pas à son tour dans le camp de l’autoritarisme, les États-Unis de Trump lui deviendront ouvertement hostiles. Tandis qu’à l’Est, elle restera soumise aux assauts de la Russie impérialiste de Poutine. Elle ne pourra survivre que si elle se tourne vers le « Sud Global » pour éviter un isolement mortifère, espérer maintenir un ordre multilatéral fondé sur les règles, et desserrer l’étau de sa dépendance technologique excessive à la Chine et aux Etats Unis.
De par leur passé colonial, les pays européens entretiennent déjà des liens étroits avec la plupart de ces Etats. Mais ces liens restent marqués négativement par cette histoire comme on l’a encore vu récemment au Sahel ou en Algérie. Pour dépasser ces traumatismes, il faut que les instances européennes et non plus les pays ex coloniaux prennent la tête de ce mouvement.
Cela suppose qu’on renonce au rêve d’une « Europe forteresse ». Il faut doter enfin l’Europe d’une politique d’immigration légale digne de ce nom, cesser de vouloir dissuader les non européens d’étudier en Europe et arrêter d’empêcher les artistes du Sud de se produire sur le continent ou les proches de visiter leurs familles.
Cela suppose également que, malgré notre colossal besoin d’investissement interne, nous acceptions d’investir aussi davantage à l’extérieur de l’Union. L’Europe est déjà le premier fournisseur d’aide au développement aux pays du Sud. Mais elle le fait en ordre dispersé via ses États membres. Il faut non seulement maintenir ces budgets malgré nos difficultés mais surtout communautariser cette politique pour ne pas laisser le champ libre au Sud à la Chine et à la Russie après le démantèlement de l’US Aid.
Il est essentiel également de sauver l’accord de Paris malgré Trump. Sur ce terrain nous devrons impérativement coopérer étroitement avec la Chine. Mais cela va nécessairement impliquer des dépenses supplémentaires pour aider la lutte contre le changement climatique au Sud.
Il nous faut aussi aider les pays du Sud à bâtir des filières industrielles pour leur permettre ainsi qu’à nous de ne plus dépendre autant de la Chine et des Etats Unis pour les transitions vertes et numériques… C’est dans ce contexte en particulier qu’il faut aborder l’accord avec le Mercosur malgré ses défauts.
Il faut enfin réformer sans plus tarder les instances multilatérales et notamment le Conseil de Sécurité, la Banque Mondiale et le FMI pour y donner plus de place aux pays du Sud comme promis depuis de longues années.
On est certes très loin aujourd’hui d’une telle politique. Le silence de l’UE face aux crimes de guerre et aux atteintes au droit international à Gaza, à Jérusalem Est et en Cisjordanie a aussi beaucoup aggravé nos relations avec le Sud Global ces derniers temps. Mais si on n’inverse pas cette tendance, il n’y aura pas d’avenir pour une Europe démocratique dans le monde de Trump et de Poutine.
Publié le mardi 29 avril 2025 . 4 min. 02
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