Donald Trump a frappé un grand coup le 2 avril dernier en annonçant des droits de douane supplémentaires s’étalant de 10 % à 50 %, sur la plupart des pays du monde. Dont 20 % pour l’Europe. Au final, les droits de douane américains devraient monter à plus de 25 %. Un niveau supérieur à ce qu’ils étaient dans les années 1930 quand la vague protectionniste mondiale avait aggravé les tensions qui mèneront à la Seconde Guerre mondiale.
Dans l’immédiat, ce sont d’abord les américains qui vont souffrir. Et notamment les moins favorisés pour qui les produits importés de pays à bas coûts représentent une part plus importante de leur consommation. L’inflation devrait en effet repartir aux Etats-Unis, en même temps que l’économie ralentir et les marchés financiers baisser. Et la probabilité que les industriels investissent massivement outre Atlantique pour éviter ces droits de douane semble faible compte tenu du caractère erratique de la politique de Donald Trump.
Que peut faire l’Europe face à cette agression ? L’Europe a certes un excédent significatif sur les échanges de biens avec les Etats Unis mais aussi en parallèle un déficit majeur dans le domaine des services. Et au final le solde positif est limité. Avec 18 % de la consommation mondiale, son marché reste incontournable pour des multinationales américaines de plus en plus exclues du marché chinois. Donald Trump ne comprend que le rapport de force. L’Europe ne doit donc pas céder au chantage. Mais si elle répond sur le même terrain aux droits de douane américains, cela aurait des effets négatifs analogues qu’outre-Atlantique, plus d’inflation et moins d’activité économique.
Il nous faut donc répondre sur ce terrain bien sûr, mais aussi sur d’autres et notamment celui des services, la finance et la tech, en excluant les firmes américaines de différents marchés, notamment publics, et en leur imposant des règles plus strictes, notamment dans le numérique. La riposte doit aussi se situer sur le terrain fiscal en faisant enfin la chasse à l’évasion massive des firmes américaines, notamment via un recours abusif à la propriété intellectuelle. Elle peut être également, comme au Canada, citoyenne, avec un mouvement de boycott des multinationales américaines.
Elle peut aussi être monétaire en cherchant à faire baisser l’euro par rapport au dollar. Elle doit prendre évidemment la forme, mais c’est une affaire de long terme, d’un effort de reconquête d’une autonomie stratégique vis-à-vis des Etats-Unis, notamment sur le terrain des équipements militaires et du numérique. Ce qui devrait impliquer notamment un nouvel emprunt commun européen de grande ampleur pour soutenir et doper les industries européennes.
Bref, il nous faut mettre en œuvre une réponse puissante mais pas uniquement sous la forme d’une hausse symétrique des droits de douane.
Publié le vendredi 25 avril 2025 . 4 min. 06
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