Ukraine : une paix froide sous tutelle européenne ?

Le dossier le plus urgent sur lequel les Européens doivent trouver une réponse à Donald Trump, c’est bien entendu l’Ukraine.
Nous avons assisté ces dernières semaines à un spectacle incroyable. Trump et son équipe ont constamment relayé les éléments de langage de Poutine. Avant même d’ouvrir toute discussion, ils avaient déjà lâché sur la conservation des territoires conquis et la non-entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Tout en humiliant publiquement Zelenskyy et en soumettant l’Ukraine à un chantage odieux pour s’approprier ses richesses.

Ce renversement d’alliance américain est d’autant plus rageant que le temps ne travaillait pas en réalité pour Poutine. Les sanctions ont affaibli gravement la Russie. Elle a dû faire appel massivement aux armes nord-coréennes pour poursuivre la guerre. En 2024, elle a dû envoyer à la casse 58 avions, trop dangereux, faute de pièces de rechange. Et les rentrées provenant des exportations d’énergie fossile ont été divisées par deux depuis 2022.

L’inflation dépasse officiellement les 10% et le Rouble a perdu 40 % depuis 2022 même si le retour de Trump lui a redonné quelques couleurs dernièrement. Pour combattre l’inflation, la banque centrale russe a porté ses taux à 21 % étouffant toute activité non dirigée vers la guerre. Enfin la Russie est devenue de plus en plus une véritable colonie chinoise.

Dans un tel contexte, que peuvent faire les Européens pour éviter une capitulation pure et simple de l’Ukraine ? Dans l’immédiat, pas grand-chose malheureusement. Ils doivent bien sûr fournir armes et munitions en quantité accrue, essayer de se substituer aux américains pour le renseignement et les communications, maintenir les sanctions contre la Russie et en particulier le gel des avoirs de la Banque centrale russe…

Mais les Ukrainiens restent très dépendants des Etats Unis qu’il s’agisse de défense anti-aérienne, des F16 ou encore du renseignement spatial. C’est ce qui explique le profil bas maintenu tant par Zelenskyy, malgré les humiliations subies, que par les Européens. Tous cherchent à éviter de rompre ouvertement avec le président américain en espérant encore infléchir sa position.

Au final Poutine pourrait bien être celui qui fait échouer les plans de Trump en se montrant trop gourmand. Ce qui amènerait assez d’élus républicains à se désolidariser enfin pour obliger Trump à changer de politique sur l’Ukraine. 

Au point où nous en sommes, l’issue la moins défavorable ne semble pouvoir être qu’une situation à la coréenne, un conflit gelé sans accord de paix formel. Avec des forces étrangères, européennes principalement mais aussi d’autres pays, pour garantir le cessez-le-feu. Ainsi que des garanties d’intervention aux côtés de l’Ukraine en cas de nouvelle attaque russe. Parallèlement l’Europe devra bien entendu renforcer ses capacités de défense et reconstruire une architecture de sécurité en se passant du parapluie américain. Nous y reviendrons.