Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Baptiste Bellon, directeur de Trapeza et conseiller auprès de Xerfi
C’est la deuxième fois qu’il baisse, après fin 2011 c’est début 2012, il, c’est le chiffre d’affaires des banque de détail en France Il faut remonter loin pour retrouver pareille évolution, au siècle dernier sûrement,… mais pas de chance ces chiffres ne sont fournis par les banques que depuis une dizaine d’année. Au premier semestre les revenus baissent de 0.6% sur 8 groupes qui font l’essentiel du marché, la baisse avait déjà été de 0.8% au second semestre de 2011. Pourquoi cette faiblesse alors que sur les 10 dernières années les banque de réseaux avait affiché une croissance plus ou moins calée sur celle de l’économie (en gros elle avait suivi le PIB nominal) ? La réponse à cette question n’est pas anecdotique, c’est une activité qui occupe une place importante en France. La banque des agences (plus de 30 000 en France), des conseillers clientèle (près de 200 000 personnes dans les réseaux), des dab et gab, réalise un CA de plus de 60Mds€.
Si ça baisse c’est d’abord la faute à la bourse, la finance flanche et les commissions dites financières reculent nettement depuis 1 an, il s’agit des ordres de bourses, mais aussi des fonds de placements et de la gestion des actifs financiers. Même le chouchou des ménages un peu aisés, l’assurance vie s’essouffle. L’argent sort un peu des contrats, 1% c’est peu, mais auparavant le flux était dans l’autre sens. La deuxième raison est plus fondamentale et plus profonde, le régime des commissions liées aux paiements a été revu de fonds en comble. Et les paiements c’est presque 1/3 du CA de la banque de détail. Là c’est l’autorité de la concurrence qui est le meneur de jeu. A partir de 2010, cet organisme a pris des décisions sur tous les moyens de paiements, les chèques, les cartes, les TIP, les virements…, pour réduire les frais. Soit les banques acceptaient une négociation avec à la clef des baisses de prix de 25% à 35%, soit l’autorité de la concurrence décidait d’une amende plutôt salée. Les banques se sont bien défendues et elles ont même mis l’autorité en corner sur les chèques, l’amende de 380M€ a été rejetée par la Cour d’Appel. Mais les banques sont restées trop longtemps assises sur un système où les délais nécessaires aux paiements (il faut quand même vérifier si les comptes sont approvisionnés) entraînaient des coûts car ils étaient longs. Les banques avaient trouvé des règles du jeu qui fixaient les commissions interbancaires. Ces règles étaient justes, elles ne le sont plus, mais comme elles ne sont pas très compréhensibles pour les clients et les commerçants, il a fallu l’intervention d’un arbitre.
En sens inverse les CA ont bénéficiés de volumes positifs car les banques ont plutôt continué à prêter mais le rythme s’est ralenti, on est plutôt à +2% ou +3% maintenant.
Les banques savent faire face à des baisses temporaires de CA, si cela ne dure pas trop longtemps, par contre si les évolutions sont plus longues et que les revenus doivent baisser de 10% ou 20% (c’est le cas de l’Espagne en ce moment), alors il faut faire des changements plus profonds et remettre en cause le modèle de relation actuelle avec les clients. Même s’il n’est pas sûr que le clic, qui pèse moins de 5% de la brique, démarre très vite, il est certain qu’il progresse.
Les banques vont devoir retravailler leurs modes de relation, c'est impératif dans la période de ralentissement économique actuelle.
Jean-Baptiste Bellon, Banque de détail : recul historique du CA, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 01 octobre 2012 . 3 min. 41
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