Hollande et Gattaz dans l’équation insoluble
Publié le lundi 13 janvier 2014 . 4 min. 28
Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste
François Hollande et Pierre Gattaz ont donc engagé un numéro de duettistes qui n'est pas sans rappeler celui que nous avaient joué François Mitterrand et Yvon Gattaz, le père de Pierre, voilà une trentaine d'années. Après avoir fustigé les forces de l'argent, les riches, la finance, multiplié les taxes en tout genres, le président socialiste, confronté à une économie languissante aux déficits persistants et au chômage endémique, tend la main aux entreprises.
Sur le fond, on ne peut que se féliciter de cette inflexion, tant il est vrai qu'il n'y a pas d'économie prospère sans entreprises prospères. C'est une tautologie. Tout comme il ne saurait y avoir d'économie prospère, sans citoyens prospères. Le deal qui s'esquisse, que François baptise pacte de stabilité, et Pierre pacte de confiance, repose sur une idée simple : on baisse les charges et les impôts qui pèsent sur les entreprises et, en contrepartie, elles créent des emplois.
Malheureusement, la réalité est un peu plus complexe. En gros, il faudrait alléger d'une centaine de milliards d'euros, sur les cinq années à venir, les charges des entreprises, soit 20 milliards par an. En allégeant notamment les cotisations pour les allocations familiales. Comment financer ce transfert ?
La mesure la plus simple, la plus efficace, mais la plus risquée politiquement, est d'augmenter la TVA, pour passer le taux supérieur à 23 %. On pourrait aussi faire un mix : 1 point et demi de TVA, et un point de CSG. Pour le moment, François Hollande s'y refuse. Pour des raisons politiques, bien sûr, mais aussi parce qu'une telle hausse risquerait de peser un peu plus sur une consommation déjà atone.
Autre solution pour financer ce transfert : repousser le calendrier de la réduction des déficits. Puisque chacun s'accorde à dire, notamment à Bruxelles, que la France ne peut plus augmenter les impôts, l'allégement des charges pourrait être financé par une augmentation, ou une moindre diminution, des déficits sociaux et budgétaires. Mais c'est a priori impossible. Bruxelles et Berlin ne le toléreraient pas. D'autant que les mauvaises rentrées fiscales rendent d'ores et déjà très difficile le respect du calendrier du retour sous les 3 %.
Alors comment François Hollande compte-t-il résoudre cette équation ? Il espère en une croissance venue d'ailleurs et que le monde patronal va lui sauver la mise en créant massivement des emplois. Sur la croissance venue d'ailleurs, il se fait quelques illusions. Certes, une partie du tissu industriel français redémarre grâce à l'exportation. Mais, compte tenu du déclin de l'industrie et de la perte des parts de marché de la France depuis vingt ans, l'impact est relativement marginal sur le PIB et la croissance globale. Car la consommation ? et surtout l'immobilier et le BTP ?qui avaient permis de maintenir un peu de croissance toutes ces dernières années, paraissent cette fois durablement plombés :par la pression sur les revenus, la hausse de la fiscalité et une politique du logement débile.
Alors la piste qui va être suivie, sera une fois de plus celle des petits pas, du saupoudrage. D'autant qu'il va falloir composer avec la base électorale et la masse des élus de gauche. On va élaguer dans le budget de la protection sociale : moins d'allocation chômage pour les cadres, et mises sous conditions de ressources pour les autres prestations, sans parler des économies de fonctionnement. Bref on va continuer de taper sur les classes moyennes. De quoi récupérer quelques milliards par an. En attendant un double miracle : que la croissance revienne vraiment grâce notamment à une embauche massive du secteur privé. Mais pour cela il faudrait une véritable politique d'ensemble, moderne, avec une vision prospective de l'évolution de notre appareil productif. Et ne pas se contenter d'une approche purement macro-économiques. Le débat sur le fait de savoir si François Hollande est social démocrate ou social libéral est d'un autre temps, d'un autre siècle et n'a plus aucun sens à l'heure de la troisième révolution industrielle.
Jean-Michel Quatrepoint, Hollande et Gattaz dans l'équation insoluble, une vidéo Xerfi Canal
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