Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste
Dans quelques mois, à fin mai, les Européens vont voter pour leurs députés européens. Vous savez, ceux qui siègent alternativement à Bruxelles et à Strasbourg. Alors, tout laisse à penser que ces élections seront l'occasion pour les électeurs, pour ceux qui se déplaceront, de manifester leur désamour à l'égard d'une Europe dans laquelle ils ne se reconnaissent plus.
Agiter l'épouvantail populiste ne sert à rien car les populistes, les hérétiques, les eurosceptiques ? peu importe les qualificatifs ? apportent peut-être de mauvaises réponses, mais ils posent les bonnes questions.
L'Europe, ses institutions, son fonctionnement, ses objectifs sont devenus illisibles. On a mené une intégration et un élargissement à marches forcées. On a réglementé à l'infini les fromages, les lampes à incandescence, tout ce qui régit notre vie quotidienne, de producteur et de consommateur. Mais l'Europe a tout simplement oublié de construire une politique énergétique commune, une politique de défense commune. L'Union européenne a trop grandi sur les petites choses et pas assez sur les grands sujets. Si l'on veut sauver l'idée européenne, il va donc falloir revoir de fond en comble le mode de fonctionnement de l'Europe et des ses institutions. Et trancher, une bonne fois pour toutes, entre une vision fédérale et celle d'une confédération d'États nations. Entre un fédéralisme, qui donnerait toujours plus de pouvoir à la commission. Et une autre approche qui confère le pouvoir aux conseils des chefs d'État et des ministres des nations européennes.
Actuellement, les choses ne sont pas claires, c'est le moins que l'on puisse dire. La commission agit comme un gouvernement et met bien souvent le conseil des ministres devant un choix binaire : accepter ou refuser les projets de directives. Mais, lors de la crise de l'euro, où il y avait urgence, où les intérêts vitaux des pays étaient en jeu, c'est le conseil qui a agi, et c'est même l'euro groupe.
Il existe aujourd'hui dans les cartons un projet pour aller vers plus de fédéralisme. C'est le projet évoqué il y a deux ans déjà par Angela Merkel. La commission deviendrait le gouvernement de l'Europe, avec son administration déjà tentaculaire. Le Parlement européen légiférerait et prendrait peu à peu le pas sur les parlements nationaux. Quant au conseil des ministres, il serait transformé en une sorte de Sénat représentant les États.
Voilà pour le projet fédéral. Mais il y a aussi un projet confédéral. On peut parfaitement concevoir une organisation où le conseil des ministres exerce le pouvoir sur les sujets qui sont d'un intérêt commun. Certaines compétences pourraient alors être rapatriées vers les États. Ce conseil, pour gouverner au quotidien, utiliserait les services de l'administration bruxelloise. Celle-ci serait ainsi placée sous un contrôle politique, alors qu'aujourd'hui elle s'est entièrement autonomisée et n'a aucune légitimité démocratique. Au passage, les commissaires disparaîtraient. Quant au Parlement, son mode de désignation devrait être revu. Afin de le rapprocher des intérêts des populations. On pourrait ainsi incorporer des représentants des Parlements nationaux. Ce qui permettrait une meilleure harmonisation des textes.
Le fédéralisme était envisageable dans une Europe à six. Certainement pas à 28. Seule une confédération d'États nations, aux pouvoirs et aux contours bien définis, peut aujourd'hui sauver l'idée européenne, préserver ses acquis, et éviter de nous faire basculer dans l'inconnu.
Jean-Michel Quatrepoint, Réécrire cette Europe devenue illisible, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mercredi 12 février 2014 . 4 min. 00
Mots clés :
Europe / Zone euro
Les dernières vidéos
Europe, zone euro
#66e8e1
ÉCONOMIE
Le redressement spectaculaire du Portugal : la méthode Alexandre Mirlicourtois
18/04/2025

04:00
#66e8e1
ÉCONOMIE
Le bazooka allemand : quel impact pour la France ? Alexandre Mirlicourtois
11/04/2025

03:50
Les dernières vidéos
de Jean-Michel Quatrepoint
#66e8e1
ÉCONOMIE
Trump et sa bombe fiscale : et s'il avait raison ? Jean-Michel Quatrepoint
27/03/2017

06:08
#66e8e1
ÉCONOMIE
Le cycle néolibéral c'est fini (et la suite risque d'être pire !) Jean-Michel Quatrepoint
18/01/2017
-5743.jpg)
12:45
LES + RÉCENTES
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
L’incroyable influence de la loi de Pareto en management Anne-Laure Donati-Boncori
18/04/2025

04:53
#66e8e1
ÉCONOMIE
Retraite par capitalisation : un remède ou une fuite en avant ? Alexandre Mirlicourtois
17/04/2025

03:45
#66e8e1
ÉCONOMIE
Courtage en assurance : la taille critique, sésame de la compétitivité Cathy Alegria
17/04/2025

02:57
LES INCONTOURNABLES
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
5 idées totalement fausses sur le bon positionnement d'un produit Stéphanie Maruani
08/04/2025

03:00