Xerfi Canal présente l'analyse de Jean-Michel Quatrepoint, Journaliste-essayiste
La France n’a peut-être plus d’usines, elle n’a peut-être plus d’industrie, mais elle fait des enfants ! À la différence d’une Allemagne vieillissante et qui se dépeuple. Grâce à sa politique familiale, à son taux de fécondité très supérieur à celui de l’Allemagne, l’avenir appartiendrait donc à notre pays et à sa jeunesse. Certaines projections allant même jusqu’à prévoir que la population française doublerait celle de l’Allemagne en 2045. Malheureusement, ce tableau ne correspond pas à la réalité. Depuis trois ans, l’Allemagne ne perd plus de population. En 2012, elle a presque fait jeu égal avec la France : + 300 000 pour nous, plus 200 000 pour nos voisins.
Certes, ce qu’on appelle le solde naturel, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, reste négatif en Allemagne. Alors qu’il est positif en France. Mais pour faire face à ce déficit de population, les Allemands ont décidé de mener une politique très active d’immigration. Et les chiffres sont spectaculaires.
Le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre l’émigration et l’immigration, a bondi depuis 2006. En 2010, il atteignait les 200 000 personnes, puis 280 000 en 2011, 340 000 en 2012. Cette politique va se poursuivre, puisqu’en 2014, l’Allemagne table sur un solde migratoire de 500 000 personnes. Tout se passe comme si ce pays devenait une gigantesque pompe aspirante pour la main d’œuvre. Pas pour n’importe quelle main d’œuvre. Pour une main d’œuvre de qualité, d’ingénieurs, de techniciens, d’informaticiens, de médecins, en provenance, pour l’essentiel de l’Union européenne, voire de Russie. Il y a, bien sûr, les immigrés des pays de l’Est, souvent pour assurer des emplois de services, mais il y a depuis deux ans, une entrée massive de jeunes diplômés provenant d’Espagne, du Portugal, de Grèce, d’Italie voire de France. Des jeunes, qui ne trouvent plus d’emplois chez eux et qui sont recrutés par les groupes allemands. Pour l’Allemagne, c’est tout bénéfice.
Cette main d’œuvre jeune et qualifiée va l’aider à moderniser son outil de production : leurs cotisations, leurs impôts vont être directement injectés dans le système de protection sociale allemand. Ajoutons que cette nouvelle migration, de par ses origines pose moins de problèmes ethniques et religieux que celles issues de contrées plus lointaines.
Voilà pour l’Allemagne. Pour la France la situation à l’inverse se dégrade. Le solde migratoire se réduit. Depuis trois ans, il tourne autour de 50 000 personnes. Et ce, en raison de deux phénomènes. D’une part, la France a plafonné peu ou prou à 200 000 les titres de séjour par an. Dont la moitié dans le cadre de l’intérêt familial. C’est-à-dire que chaque année 100 000 personnes s’installent en France pour des raisons purement familiales ou pour fonder une famille, y compris à travers des mariages blancs. Dix mille émigrés seulement viennent à titre professionnel. Le reste sont des étudiants et des demandeurs d’asile. Cette immigration vient très majoritairement du continent africain.
La France a mené ces dernières années une politique très restrictive dans l’offre d’emplois qualifiés à des étrangers.
Or, en matière d’immigration, le bouche à oreille est très important. À tort ou à raison, le message subliminal qui a été ainsi véhiculé est que la France accueille plus facilement la main d’œuvre non qualifiée ou les parents de ceux qui sont déjà en place, que de jeunes chercheurs, des diplômés ou des travailleurs qualifiés.
Notre solde migratoire diminue aussi, parce que les Français émigrent. Massivement. Et ce, depuis une dizaine d’années. Je ne parle pas de Depardieu et des exilés fiscaux dont le nombre reste marginal. Je veux parler de ces centaines de milliers de jeunes, diplômés ou non, qui partent parce qu’ils ne trouvent pas en France les emplois qu’ils souhaiteraient. Londres est déjà la quatrième ville française. Il y a près de 100 000 Français en Chine. Au total, on estime qu’il y aurait entre 2 et 2,5 millions de Français à l’étranger. Chiffre qui a doublé en dix ans.
On peut se raconter les histoires que l’on veut, y voir là une preuve de dynamisme. La vérité c’est que, de tout temps, l’immigration, notamment celle des cerveaux et des plus dynamiques, n’est pas un signe de bonne santé pour le pays qui en est victime. Comparée à l’Allemagne, la France a une politique d’immigration low cost, qui in fine lui coûte d’autant plus que, parallèlement, son capital et ses cerveaux émigrent.
Jean-Michel Quatrepoint, Vive les immigrés premium !, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 05 février 2013 . 4 min. 34
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