Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Les Bourses européennes sont nettement reparties à la hausse depuis le milieu de 2012. Elles ont toussé en août avec les craintes sur les émergents et le stress autour de la fin du quantitative easing, mais elles ont repris le chemin de la hausse depuis la rentrée. Nouveau témoignage d'un retour de confiance en Europe, cette embellie doit bien sûr être considérée avec prudence tant les marchés sont des caisses de résonnance. Néanmoins, beaucoup d'éléments favorables jouent en faveur d'un cycle haussier qui pourrait être de grande ampleur.
Regardons les chiffres d'abord : depuis mai 2012, les bourses ont rebondi de près de 30 % en France, en Allemagne, comme aux États-Unis. Mais derrière cette similitude, une confirmation. Les bourses nationales ne sont plus aussi corrélées que par le passé. De la même manière que les marchés ont appris à discriminer entre les différents risques souverains, ils ne valorisent plus de la même manière les entreprises et les régions depuis la faillite de Lehman Brother's. Les États-Unis ont dépassé de 7% leurs précédents records, l'Allemagne reste 17 % en deçà. Quant au CAC40, il demeure à 34 % de son précédent point haut.
Ces différences restituent d'ailleurs bien les potentiels de croissance et les écarts de profitabilité des économies. Chose frappante d'ailleurs, la France remonte un peu son retard sur l'Allemagne depuis janvier, des valeurs françaises qui ont gagné 8 %, contre 4 % Outre-Rhin. Un début de rattrapage cohérent avec le fait que la modération salariale joue davantage de ce côté-ci du Rhin aujourd'hui, et que l'exposition au risque émergent y est moindre également. Les bourses sont donc bien calées sur les fondamentaux. Premier élément de confiance, à l'heure où les perspectives de croissance se dégagent en Europe.
Deuxième élément d'optimisme. Les performances de Wallstreet, diapason des bourses développées, semblent assises sur des bases solides. Il n'y a pas d'excès apparent dans le chemin de haussier tracé par les États-Unis, au regard de la rentabilité des entreprises. Des cours qui représentent 23 fois les profits (ce que l'on appelle le PER), on est très loin de l'exubérance des années 2000 où ces ratios avaient culminé à 44. On est très loin surtout de ce que pourrait autoriser le niveau des taux d'intérêt actuel, pour se faire une idée, si les marchés prenaient pour argent comptant le niveau des taux (2,6 % actuellement pour les taux longs) et le considéraient comme permanent, on observerait des multiples supérieurs à 40, et ce, tout en exigeant une prime de risque raisonnable. Dit autrement, les cours d'action pourraient être plus de 70% supérieurs à ce que l'on observe actuellement. Voilà qui montre que la fin du quantitative easing est incorporée dans les cours. Aux niveaux actuels, le marché pourrait absorber 1 point et demi de hausse supplémentaire des taux longs.
Le retard pris par l'Europe sur Wallstreet constitue un troisième facteur d'optimisme. D'abord parce que les valeurs européennes ne sont pas cher en comparaison des États-Unis, ensuite, parce que les craintes d'un cataclysme sur les marchés obligataires et l'euro se sont éloignées. Cela explique notamment le retour en masse des fonds institutionnels américains qui ont investi des montants record depuis 6 mois. Un retour amplifié par leur désengagement des émergents.
Enfin, il y a tout le potentiel de hausse de la rentabilité financière des entreprises, européennes comme américaines. Les structures de bilan sont satisfaisantes. Leur potentiel d'endettement est entier. Cela veut dire que dans un contexte où la hausse des taux d'intérêt reste contenue, le levier d'endettement va booster les rentabilités financières.
Ces perspectives ne sont pas seulement une aubaine pour le monde de la finance, car il n'existe pas de nos jours de reprise solide sans cycle financier vigoureux. C'est d'abord pour ses implications réelles que doivent être mises en avant les perspectives boursières positives qui s'annoncent en Europe.
Olivier Passet, Bourse : pourquoi la hausse va continuer en Europe, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 16 septembre 2013 . 4 min. 23
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