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Il existe deux façons d’aborder les crises. L’une statique, très majoritaire chez les économistes : la crise est une rupture d’équilibre. Un écart que corrige le jeu des prix relatifs, arbitre suprême, pour ramener le système à un nouveau point de stabilité. L’économie évolue d’équilibre en équilibre. Avec tout l’appareillage de modélisation que l’on connaît.


La seconde approche, dynamique, considère le déséquilibre comme inhérent à tout système en évolution. C’est ici la métaphore de la marche qui permet d’appréhender les choses de façon intuitive, qui n’est pour un individu que le basculement d’un déséquilibre à l’autre et le principe même qui crée le mouvement d’un point A à un point B différent. La crise n’a plus du tout le même sens dans ce cadre de représentation. Elle est l’élément perturbateur qui peut modifier durablement une trajectoire. L’irruption du hasard, un bruit au sens statistique, peut générer un nouvel ordre.


Le réel joue comme force de rappel


Et ces deux paradigmes changent notre regard sur la portée de la crise Covid. Le premier est obsédé par le retour à la normale. Le réel joue comme force de rappel. Pour l’économiste standard, la crise sanitaire est une embardée temporaire, qui a entraîné d’autres écarts à la normale : soutien public massif financé par la dette, injection de liquidité, etc. Ces conflagrations ont créé une situation d’apesanteur illusoire, sans modifier le substrat de l’économie réelle. Nos dotations en matières premières, en connaissances, en savoir-faire, les fondamentaux de notre productivité, de notre compétitivité n’ont pas changé. C’est avec la même capacité à générer du revenu qu’il nous faut aborder la suite, mais avec des charges de remboursement supérieures. Et face à l’inertie du réel, la liquidité ne peut se loger que dans les prix. Le gonflement des comptes à vue des ménages, sans travail en contrepartie pour les chômeurs partiels, sera consumé par l’inflation et le surcroît d’impôts.


Pessimisme de court terme donc. Mais optimisme de long terme aussi. Face à la grande menace climatique, une simple modification des prix relatifs permettra de trouver l’issue vers une économie zéro carbone. Il suffit pour cela de forcer la main des acteurs en place en accordant au carbone un juste prix. La transition est un déplacement d’une courbe de demande de produits carbonés, et un jeu de substitution, toutes choses égales par ailleurs, conformément à la mécanique des modèles théoriques. Simple comme bonjour pour des économistes qui se désintéressent finalement de l’économie réelle à force de la considérer comme invariante.


L’ordre par le bruit


Le second paradigme scrute les bifurcations qui modifient le système économique. Le réel n’est plus ici un invariant, mais une matière qui se transforme en continu sous l’effet d’aléas. Des aléas qui ne sont plus seulement des anomalies transitoires, mais un aiguillon essentiel de l’évolution. Le hasard féconde le réel. Hasard et nécessité. L’appréhension du futur change du tout au tout. Moins prévisible d’une part. L’avenir ne se décrit pas comme un retour à la normale. Le futur est jalonné de points de bifurcation. Le tissu productif et les individus, en transformation continue, ne peuvent prétendre à une régularité comportementale prévisible face à des chocs.


La crise est intervenue dans un contexte de tsunami informationnel, porté par les GAFAM et dans son prolongement, une explosion du e-commerce. Et de tous les secteurs qui prospèrent sur l’entropie du capitalisme : la santé, la dépendance, le retraitement des déchets, etc. Autre vision de l’économie où le choc sanitaire fait figure de formidable accélérateur, validant la digitalisation du monde à grande échelle et celle des secteurs réparateurs qui s’enrichissement sur les dérèglements du système, les big pharma au premier chef. Cette accélération laisse entrevoir une après-crise bien plus favorable sur le plan de la croissance et de la capacité à absorber les dettes.


A contrario, à long terme, le triomphe de la web économie fait exploser une nouvelle source d’émission de gaz à effets de serre, bientôt aussi importante que celle des moteurs atmosphériques de la planète et sur lesquels nos instruments fiscaux n’ont pas prise. Optimisme de court terme, donc et pessimisme de long terme sur notre capacité à décarboner le monde. Et obligation à aborder le défi climatique avec un regard systémique attentif au nouvel ordre qui émerge derrière les apparences du désordre.


Dans une communication de 1976, « l’ordre par le bruit », Jacques Attali affirmait que « la crise est le lieu de l’instauration d’un ordre et non pas, comme le croit la vulgate, celui de l’exacerbation du désordre dans les organisations ». Dans un monde en transformation accélérée, où l’invariance du réel devient une hypothèse de moins en moins recevable, c’est bien avec ce regard qu’il nous faut scruter les défis contemporains.


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