Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses de Xerfi
Sortir les dépenses militaires des critères de stabilité européens… La proposition revient de façon récurrente. Notre déficit structurel est certes supérieur à celui de l’Allemagne. De l’ordre de 3 points de PIB en moyenne depuis 10 ans, mais si la France dépensait autant que l’Allemagne, pour son armée, cet écart serait réduit de façon substantielle.
De combien ? Si je me fie au périmètre étroit des dépenses de défense retenu par l’OTAN (hors budget des anciens combattants et hors pensions des militaires retraités), cet écart est aujourd’hui de l’ordre d’un demi-point de PIB. Si je retiens une acception plus large des dépenses de défense, incluant toutes les dépenses financées par l’impôt et allouées à la fonction de défense (il s’agit là de la comptabilité fonctionnelle de l’État), cet écart approche de 1 point du PIB.
De quoi, en première analyse, atténuer de près d’un tiers notre handicap vis-à-vis de l’Allemagne, et nous rapprocher des clous des 3% de Maastricht.
Les arguments, on les connaît. Notre surdimensionnement, a pour contrepartie une capacité de dissuasion nucléaire et de projection sur les champs de conflit que les autres pays de la zone euro n’ont pas. Or cette capacité et les coûts induits, sécurisent l’ensemble du continent. La France produirait de la sorte un bien collectif européen.
Mais on en voit aussi rapidement les limites :
La France ne peut pas aborder cette question sans évoquer la piste d’un cofinancement européen, un cofinancement qui débouche inévitablement sur la problématique plus large de l’édification d’une défense commune et à terme d’un abandon de souveraineté qu’elle ne souhaite pas.
Difficile ensuite d’aborder la question du fardeau militaire sans prendre en compte tous les avantages que confèrent le développement d’un complexe militaro-industriel dans un pays, même si cette question reste aujourd’hui très controversée dans la littérature économique.
Du coup l’enjeu du débat ne porte plus sur l’ensemble des dépenses militaires, ni même sur l’écart permanent qu’induit notre surdimensionnement, mais sur la question plus ponctuelle du financement de nos opérations extérieures. Dont l’enveloppe ne cesse de croître.
Mais on change alors totalement d’ordre de grandeur. Même si nos dépenses liées aux opérations extérieures ont dépassé 1,5 milliards d’euros cette année, explosant l’enveloppe prévisionnelle de 1,1 milliards, les sommes restent inférieures à 0,1% du PIB. Un enjeu appréciable lorsqu’il s’agit de pinailler à la virgule près avec l’Allemagne ou la Commission. Mais qui reste quand même de second ordre. Or ce n’est que cet aspect des choses que la France met sur le tapis dans le cadre des négociations européennes. Autrement-dit, l’échappatoire au rigorisme bruxellois ne viendra pas de là.
Olivier Passet, Défense : le fossé budgétaire France -Allemagne, une vidéo Xerfi Canal TV
Publié le jeudi 29 janvier 2015 . 3 min. 07
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