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Il n’y aura pas de transition climatique dans le cadre de la globalisation délurée telle qu’elle s’est déployée jusqu’à aujourd’hui. L’affaire paraît entendue.

La difficile décarbonation du transport longue distance de marchandises

Le déni a la vie dure, certes. Production d’énergie et transport sont en effet les deux principales sources d’émission de gaz à effet de serre des pays avancés. Non seulement du point de vue quantitatif (plus de 50%), mais aussi compte tenu de leur caractère névralgique dans le fonctionnement du système. Si demain nous savions produire une énergie en continu intégralement décarbonée et faire circuler nos marchandises sans émission, il est clair que le reste de l’équation bas carbone verrait sa résolution grandement facilitée.

Pour prendre l’exemple emblématique de la sidérurgie, la conversion électrique de la filière est déjà réalisée à près de 70% aux États-Unis. Si en amont et en aval, l’électricité et le transport étaient décarbonés, l’empreinte du secteur s’améliorerait automatiquement. Prenons un autre monstre : les industries digitales et le bilan carbone désastreux de leurs énormes fermes de serveurs et de l’explosion logistique que génèrent les plateformes du e-commerce… À nouveau encore, l’empreinte du secteur serait automatiquement améliorée si l’énergie et le transport opéraient leur mue. Tout ne serait pas résolu, loin de là. Dans l’industrie, la construction ou l’agriculture, près de 40% des émissions relèvent des autres procédés chimiques qu’ils engagent. Néanmoins, ces quelques éléments entretiennent l’illusion qu’il suffit que tout change dans l’énergie et le transport, pour que presque rien ne change dans nos modes de vie et le fonctionnement du capitalisme.

Sauf que si la décarbonation de la production d’énergie semble à portée de main, au moins d’un point de vue technologique, ce n’est pas le cas du transport, notamment pas du transport longue distance de marchandises, par voies aérienne ou maritime. Projeter une économie sans énergie fossile, c’est imaginer alors un capitalisme sans super tankers, sans avion-cargo, et limité en distance dans ses transports routiers. C’est un très gros hic. Faute de saut technologique, le monde développé et émergent devrait alors renoncer à son hyperfluidité, à sa division internationale du travail indifférente aux distances. Cela veut dire reconcevoir toutes nos chaines logistiques, mais surtout la localisation de nos activités et nos spécialisations pour se rapprocher d’une forme d’autarcie régionale.

Les deux impasses de la déglobalisation

C’est notamment ce pessimisme sur le transport qui alimente un discours écologique à la fois plus radical et systémique, incorporant les enjeux de sobriété et d’ergonomie de nos territoires. Relever le défi climatique, c’est aussi renouer avec une forme d’artisanat industriel, ou pour le moins une très forte déconcentration des sites de production pour les rapprocher du consommateur final. C’est privilégier une agriculture de proximité, favorisant les circuits courts, c’est encourager le fourmillement de services eux-mêmes de proximité. Réduction des chaines de valeur, reconstitution des filières complètes sur le territoire, circularité, localisme, etc. La circulation des marchandises et la dilatation des chaines de valeur ne disparaîtraient pas complètement, mais seraient limitées au rayon que nous autorisent le rail et les véhicules routiers électriques ou fonctionnant aux biocarburants.

Cette vision pourtant derrière sa cohérence de façade voile deux impasses qui devraient nous alerter :

1. Même l’objectif le plus clair et le mieux programmable de la réalisation d’un mix électrique 100% bas carbone, qui repose sur un nombre restreint d’acteurs ultra-concentrés, a besoin de la globalisation des échanges pour se réaliser. Le tout électrique mobilise une masse considérable de terres rares et de minerais très inégalement répartis à travers le monde. Cette mue ne s’opérera pas sans un extractivisme intensif, mobilisant des masses considérables de capitaux. Et c’est le plus probablement dans le cadre de la globalisation financiarisée actuelle que s’opérera cette mue à marche forcée. Cette transformation crée de nouvelles dépendances qui se substituent aux anciennes et qui pour être financées condamnent les pays importateurs à exporter à échelle mondiale.

2. Déglobaliser, c’est a priori la seconde mort de Ricardo, autrement dit d’un monde qui s’organise sur l’exploitation des avantages comparatifs. Et qui a conduit au capitalisme que nous connaissons aujourd’hui, où, sous la houlette de la gouvernance actionnariale, tout ce qui est mieux fait et surtout fait moins cher par d’autres doit être externalisé. Remettre en cause cet axiome, c’est revenir à des modes de production locaux moins coûteux et émetteurs du point de vue des transports, mais probablement aussi moins efficaces, c’est-à-dire moins économes en facteurs de production. C’est un constat qui a pu être fait pour les circuits courts de l’agriculture. En France, par exemple, 17% des émissions de gaz à effet de serre de la chaine alimentaire sont induits par la phase de transport alors que la phase de production est responsable de 57 % de ces émissions. Ce qui est gagné sur la première peut aisément être perdu sur la seconde.

Bref, la transition écologique ne se laisse pas aisément enfermer dans des concepts valises. Écologie et déglobalisation semblent aller de pair. Une idée facile qui bute portant sur des contradictions et qui nous invite à penser une autre globalisation plutôt qu’une déglobalisation conçue comme un filme que l’on rembobine. 


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