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Emploi et chomage : la France a absolument besoin des petits jobs

Publié le mercredi 10 février 2016 . 5 min. 08

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Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses - Xerfi

 

Nous faisons moins bien que les autres en matière d’emploi  et de chômage depuis quelques trimestres, notamment que l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie ou l’Espagne. C’est indéniable. Je me dois pourtant de relativiser ce constat, non pour minimiser le problème, mais pour mieux en cerner le fond.

 

Je ne vais pas comme tant d’autre me focaliser sur les deux dernières années. Mettre le coup de projecteur sur le volume de travail ou le taux d’emploi pour vous démontrer à quel point nous sommes mauvais, et à quel point l’Italie et l’Espagne réformatrices font mieux que nous. Car, n’étant pas amnésique, je connais aussi le bilan plus long de l’emploi. Prenons le taux d’emploi depuis 2000 par exemple. Il est indéniable, que la France a aussi fait preuve d’une résistance de l’emploi assez remarquable en temps de crise. La France a au fond un cycle d’emploi amorti, que l’on pourrait finalement envier si cet amorti ne s’enroulait pas autour d’un niveau structurellement insuffisant. Prenons le volume de travail créé en France depuis 2000 et comparons le à celui de l’Allemagne, alors même que le PIB a progressé de 20 % de part et d’autre du Rhin… Là encore, les formules à l’emporte-pièce sur le trop faible contenu en emplois de la croissance française ne sont pas en ligne avec la réalité profonde des choses.

 

Si je souligne tout cela ce n’est pas pour minimiser le problème encore une fois. Mais pour éviter d’être ballotté par les modes médiatiques. Non l’Espagne et l’Italie, ne sont pas des modèles de référence pour la France. Surtout pas l’Espagne, sorte d’anti-France, dont les montagnes russes de l’emploi induisent une terrible destruction de capital humain.

 

Si j’insiste sur le fait que notre croissance de l’emploi à moyen terme est moins déplorable qu’on ne le dit, c’est simplement pour souligner que nous avons un problème autrement plus ardu. Nous avons un problème d’insuffisance structurelle d’emplois. Nous savons lisser l’évolution de l’emploi dans le temps, mais nous ne savons pas, depuis plusieurs décennies, le faire changer d’orbite. C’est finalement l’incapacité du pays à mobiliser suffisamment sa main d’œuvre disponible qui constitue la faiblesse numéro 1 du pays.  Et pour se rapprocher d’un plein emploi structurel, il faudrait a minima à la France un taux d’emploi 3 à 5 points supérieur à celui que l’on observe depuis une vingtaine d’année.

 

Face à ce constat, il me semble qu’il est grand temps d’abandonner les illusions de solutions indolores, par le haut comme on dit : doper notre potentiel de croissance avec plus de R&D, plus d’éducation, plus d’investissement, plus d’entrepreneurs etc. Car la réalité c’est que lorsqu’un pays navigue structurellement en sous-emploi, lorsque ses entreprises ne rencontrent jamais des pénuries d’emplois, c’est tout le système d’apprentissage qui se dégrade faute d’être mis en tension, faute d’identifier les vrais besoins. Ce sont les incitations des entreprises à innover ou à digitaliser leurs process qui s’émoussent. Le sous-emploi chronique mine les ressorts de la croissance endogène et non l’inverse.

 

Il nous faut ensuite voir les choses en face. Il existe bien une inhibition  des petites et moyennes entreprises françaises  à recruter en CDI compte tenu du coût de sortie de l’emploi. Les grandes peuvent provisionner le risque, les plus petites ne le peuvent pas, et préfèrent tourner en sous-capacité d’emploi chronique. Il y a là un gisement d’emploi probablement important. Et c’est bien sur cette cible d’entreprises que l’Allemagne, globalement plus protectrice sur l’emploi que la France, a ciblé les dérogations. Plutôt que des chèques de 2000 euros à l’embauche, qui ne règlent rien, ou plutôt que de grandes mises à plat du code du travail et du processus de négociation collective, qui risquent d’accoucher d’une souris, des avancées plus concrètes et spécifiquement ciblées sur les PME  auraient certainement un effet numérique beaucoup plus important sur l’emploi.

 

Il y a enfin tous les dispositifs d’incitation aux petits jobs, pour favoriser la sortie du chômage. Ces dispositifs sont dangereux quand on en fait l’alpha et l’omega de la politique de l’emploi et qu’ils détériorent in fine la structure des qualifications et la productivité. Ils sont recevables lorsqu’ils sont conçus comme des dispositifs transitoires, permettant précisément au taux d’emploi de changer d’orbite et qu’ils deviennent ensuite une passerelle vers des emplois de meilleure qualité. C’est la partie qui se joue aujourd’hui en Allemagne et au Royaume-Uni, et que la France doit observer avec attention. Car ce sont bien ces deux pays qui doivent rester ses références, compte tenu de la problématique qui lui est propre. L’accélérateur des créations d’emploi ne joue que faiblement et de surcroît en période de reprise lorsque les pays au plein emploi peuvent espérer rehausser la qualification de la main d’œuvre en faisant basculer les petits jobs en emplois plus qualifiés, la France a un combat de retard et transforme son chômage en petits jobs, ce qui produit un effet de composition défavorable à la productivité. Il lui manque ainsi deux moteurs d’accélération en phase de reprise. Ce constat ne me conduit pas à fantasmer sur ce qui se passe ailleurs. Lorsque j’entends que l’Espagne est devenu le modèle de référence, il s’agit simplement d’une ineptie.

 

Olivier Passet, Emploi et chomage : la France a absolument besoin des petits jobs, une vidéo Xerfi Canal TV


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