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Et si la folie de Trump était utile ?

Publié le jeudi 19 avril 2018 . 5 min. 07

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La folie de Trump est-elle utile ? La question est scabreuse, je l’avoue.  En cassant tous les codes de bonne conduite présidentiels,  en étant dans le déni de toutes les contraintes contemporaines, financières, environnementales notamment, en délivrant en flux continue une avalanche de tweet mégalos et chaotiques, en osant dire tout et n’importe quoi, sans une once d’inhibition, Trump a peut-être un mérite. Il brise certains tabous. Il ne rentre dans aucun cadre. C’est précisément ce que James Comey, l’ancien patron du FBI lui reproche : sa pensée ne se rattache à aucune structure, morale philosophique ou historique.


C’est un reproche à double tranchant en fait. Car dans une période que beaucoup considèrent de disruption, où nos logiciels d’un autre temps stérilisent l’action,  l’apparent « n’importe quoi » de Trump pourraient aussi, malgré lui,  ouvrir des portes et nous libérer du diktat du « no alternative » que produisent les raisonnements technocratiques trop convenus. Essayons alors de nous détacher de l’immoralité du bonhomme et de regarder sous cet angle le bilan de Trump. Et il est vrai qu’il offre involontairement, aux hétérodoxes du monde entier, une expérimentation grandeur nature de certaines de leurs thèses. Au moins sur trois enjeux.


Première expérimentation utile : contre l’avis de tous les experts, Trump appuie sur l’accélérateur budgétaire. Un non-sens pour les économistes. Le taux de chômage est au plus bas. Baisser les impôts, lancer un plan géant d’investissement ne peut que faire surchauffer le moteur économique et nuire à terme à l’économie américaine. Trump, lui en homme d’affaire fasciné par les sommets, ne croît pas en cette vision des choses. Une belle occasion de voir si ce fameux potentiel de croissance que calculent les économistes de laboratoires, et qui gouverne toutes les décisions de politique publique depuis des décennies, correspond à une réalité. A-t-on  raison de brider la croissance depuis des années au nom de la sacro-sainte loi du potentiel ? L’hérésie de Trump est une bonne façon de le tester.


Deuxième expérimentation utile : son offensive protectionniste. A travers sa réforme fiscale, qui pénalise l’implantation de filiales à l’étranger. A travers bien sûr les barrières tarifaires qu’il compte édifier. Difficile à ce stade de savoir où mène cette dernière offensive. Que restera-t-il des rodomontades verbales ? Toujours est-il, que le constat que la concurrence avec les émergents est biaisée par du dumping social, monétaire et tarifaire également, ne lui est pas propre. L’impact de cette ouverture sur le creusement des inégalités est attesté par de plus en plus de travaux. Utiliser les barrières tarifaires de façon ciblée, sans que cela ne dégénère en guerre totale est-il encore possible dans le monde contemporain ? Là encore, l’inconscience de Trump pourrait s’avérer utile. Car voilà des années que le dogme fait la loi, par référence à des modèles théoriques qui sont peut-être hors sol.


Troisième expérimentation utile : son offensive contre les géants du numérique. A travers sa réforme fiscale d’abord : une offensive toute relative il est vrai, car en encourageant le rapatriement des montagnes de trésorerie placées à l’étranger par les GAFA, ils les exonèrent en grande partie de l’impôt.  A quoi il faut ajouter son offensive contre Amazon, même si cette dernière est dictée par de mauvaises raisons, de rivalité personnelle avec Jeff Bezos. En déstabilisant la firme de Seattle, il met le doigt sur un vrai problème. Le risque que la firme mette la main sur toute la distribution à terme. Car aux niveaux de valorisation actuelle, c’est un chèque en blanc pour l’acquisition de tous ses concurrents que la bourse confère à Amazon.


J’arrête ici cet exercice d’avocat du diable. Car ce qui est à charge est autrement plus grave. C’est le déni de toutes les contraintes qui pourraient brimer le business, qu’elles soient d’ordre environnemental ou prudentielles, concernant le secteur financier. Il y a là une régression gravissime. C’est l’affaiblissement de tous les outils redistributifs et assurantiels, au moment où le capitalisme n’a jamais eu autant besoin d’un rééquilibrage du rapport de force entre le travail et le capital. Sur ces  éléments essentiels, Trump marche à rebours de l’histoire. Et ces erreurs-là ne rattrapent pas le reste.


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