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Europe : les questions stratégiques évacuées

Publié le vendredi 5 juillet 2019 . 5 min. 01

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Le processus de désignation des postes clés européens a confirmé les profondes divisions qui traversent l’Europe. Le déplacement des équilibres politiques aussi, qui perturbent les arrangements en arrière-chambre entre partis du centre droit et gauche. Confirmé aussi le flou et l’opacité des règles adaptables qui président à la nomination des leaders, jetant la suspicion sur l’intégrité du jeu démocratique. Son aboutissement devrait néanmoins rassurer. L’UE a gagné un sursis et sauvé les apparences. La divergence des intérêts n’a pas viré en crise politique avérée. Elle n’a pas dégénéré non plus en concours de médiocrité, quand la grande lessiveuse du consensus couronne les profils les plus insipides, les plus passe-muraille, ceux qui fâchent le moins à défaut de rallier positivement sur leur personne. Le casting a finalement plutôt belle allure.


L’Europe sauve les meubles


Belle allure en première analyse. Du côté de la Commission, ceux qui espèrent relancer l’Europe sur les enjeux de défense et de sécurité trouveront dans la personne d’Ursula Von der Leyen, en raison de ses engagements passés, les raisons d’espérer qu’émerge un compromis dans ce domaine. Du côté de la BCE, ceux qui craignaient que sous une houlette allemande, l’institution ne renoue avec une orthodoxie étriquée préjudiciable à la croissance, ou un conformisme anachronique à la Trichet, peuvent être rassurés. Les idées d’Olivier Blanchard, ancien chef économiste et directeur des études du FMI, ont largement infusé dans l’institution, jusqu’à son sommet. Le pragmatisme et la capacité de transgression habile de Draghi, ne devraient pas être reniés.


L’Europe sauve les meubles donc, comme elle sait le faire lorsqu’elle est acculée. Ni inertie complète, ni régression fatale. Est-ce suffisant pour autant ? Non, car la seule chose qui pourrait sauver l’Europe à terme, ce serait que l’esprit de transgression se déplace sur le versant budgétaire de l’UE et que la zone euro s’invente, après le quantitative easing, un public investment easing qui déchargerait la BCE de sa mission de maintien à flot de la croissance européenne.


La perfusion monétaire de la croissance, une anomalie


Derrière cette assertion, il faut s’interroger sur l’anomalie européenne. Pour quelle raison la nomination à la tête de la BCE, institution qui était à l’origine à vocation technique et strictement monétaire, revêt-elle une importance si cruciale ? Parce que chacun pressent, à juste titre, que sans perfusion monétaire la croissance européenne, et la solvabilité des agents privés, au premier rang desquels les banques, partiraient en vrac.


C’est une grave anomalie. D’où vient-elle ? Précisément du fait que l’outil budgétaire est sous-exploité en Europe. Dans une zone en excédent d’épargne, et à débouchés atones, la seule manière d’éviter que cet excédent n’aille gonfler le prix des actifs est que l’Etat intervienne massivement. Qu’il draine cet excédent sur les investissements stratégiques pour la croissance potentielle et pour la transition écologique. Et dans un espace où cet excédent d’épargne est très inégalement réparti, il faut de surcroît un outil supranational qui draine cette épargne vers les zones en déficit d’investissement. Faute de quoi, l’espace européen continuera à être tiraillé par les forces de divergence.


Le risque environnemental n’est pas pris en compte


L’instrument budgétaire pour la convergence et la compétitivité, sur lequel les 19 ministres européens des finances de la zone euro viennent de s’accorder, au prix de mille précautions, en s’assurant qu’il soit abondé par le budget l’UE, c’est-à-dire qu’il ne coûte rien, et n’assure pas ou très peu un rôle de transfert, fait de ce point de vue office d’enterrement première classe du projet.


A défaut, la zone restera un espace à taux zéro. Où la liquidité créée se cristallise en plus-values des actifs, notamment immobilier, où cette hausse constitue un frein à la construction et à la rénovation thermique, à un moment décisif où l’habitat et les villes doivent être reconfigurés, des taux zéro qui sont aussi un chèque en blanc au business as usual, peu innovant, n’intégrant pas les horizons longs, et notamment le risque environnemental.


Bref, le casting d’aujourd’hui a de quoi inquiéter derrière sa belle apparence. Là où elle est, Christine Lagarde ne peut plus grand-chose, si ce n’est éviter de nuire. Là où elle est, Ursula Von der Leyen peut empêcher beaucoup au moment où l’urgence devient criante. Et l’on se prend à rêver à un casting inversé. Où l’hétérodoxie de Blanchard aurait soufflé à la tête de la commission, rendant l’hétérodoxie de la BCE moins nécessaire.


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