L’année 2017 a été une année favorable pour le CAC40. En progression de 10% à la mi-décembre, la performance de la Bourse de Paris se situe proche de celle de la moyenne européenne, et de celle de l’Allemagne. Elle surpasse sans surprise la performance britannique prise dans les affres du Brexit. Ce qui n’empêche pas malgré tout le marché londonien de légèrement progresser sur l’ensemble de l’année. Au diapason de l’Europe continentale, la performance hexagonale demeure en retrait des grandes cotations américaines. Le S&P 500 a le vent en poupe, avec un bond de 17 %.
L’ensemble des Bourses développées ont repris des couleurs après un long passage à vide qui les avaient plombées, entre la mi-2015 et la mi-2016. Elles sont sorties de ce long épisode où s’amoncelaient les menaces d’ordre géostratégique (avec le conflit moyen-oriental notamment), doublées de l’intensification de la menace terroriste, de la crise des migrants, plus toutes les incertitudes électorales, sur fond de vague populiste, qui se sont soldées par la victoire du Brexit au Royaume-Uni, et de Trump aux États-Unis. Sans parler du tournant délicat à négocier de la sortie du QE aux États-Unis. On peut se dire, rétrospectivement, face à cet amoncellement d’éléments plombants, que la légère contreperformance des Bourses cachait un vrai potentiel haussier, qui s’est finalement concrétisé en 2017.
La France nettement en retard
Il n’en reste pas moins que cette apparente mise au diapason des performances recouvre d’importants décalages de valorisation. Il suffit d’exprimer les indices en écart à leur pic d’avant crise pour s’en rendre compte. Les valeurs américaines continuent à faire la course en tête, très au-dessus de leur précédent record. Suivent les valeurs britanniques et allemandes, au coude à coude. La France ferme la marche, toujours en deçà, de l’ordre de 12%, de ses anciens pics.
Un retard qui restitue un quadruple handicap hexagonal : croissance, profitabilité, positionnement sur le numérique (valeurs les plus flambantes depuis dix ans), et enfin endettement, les grandes entreprises françaises étant celles qui ont le plus joué sur le levier d’endettement ces dernières années.
Des handicaps qui trahissent l'absence de potentiel de hausse
Ce retard de valorisation hexagonal ne crée donc pas un potentiel de hausse par rattrapage à l’avenir. La perspective d’une remontée des taux longs crée un stress sur les entreprises, et par ricochet sur les banques, comme en témoigne la récente alerte du Haut conseil à la stabilité financière datée du 15 décembre. Et surtout, les marchés ont les yeux rivés sur les multiples américains, notamment le rapport entre les cours boursiers et les profits des entreprises. Ces derniers recommencent à entrer dans une zone qui préfigure un risque élevé de retournement, notamment en cas de remontée sensible des taux longs. Et l’on sait, que ce genre d’épisode entraine toutes les Bourses dans le krach, sans discernement.
Bref, la bourse de Paris est repartie, dans le sillage de l’ensemble des valeurs européennes, mais elle demeure à la traine et exposée au même risque de retournement que les autres.
Publié le mardi 19 décembre 2017 . 3 min. 39
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