Hollande : une politique de l’offre à mini-doses
Publié le mardi 23 juillet 2013 . 4 min. 32
Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
On sait François Hollande rompu à l'art de composer avec les intérêts et les courants divergents. Mais l'art de la motion de synthèse reste un enfant pauvre de la stratégie. Car à courir tout à la fois les enjeux d'orthodoxie budgétaire, de solidarité et de compétitivité, la cohérence risque bien d'en faire les frais. A moins que l'?uvre réformatrice pointilliste de François Hollande gagne à être observée avec un peu de recul.
Car à petite touche, et après quelques tâtonnements, c'est bien une politique de l'offre qui peu à peu se dessine, disons plutôt une homéopathie de l'offre. Une homéopathie dont la cohérence est plus forte qu'il n'y paraît.
Prenons d'abord la crainte d'étouffoir fiscal qu'avait suscitée la première loi de finance. Une crainte qui a gelé nombre d'investissements. Et bien force est de constater que le matraquage annoncé sur les hauts revenus des particuliers et de l'entreprise est moins prononcé qu'attendu du fait de certains réajustements. C'est le cas des plus-values du fait de blocages juridictionnels (c'est le cas de la tranche à 75 %). Mais aussi grâce à l'évanescence des bases sur lesquelles se concentre le tir fiscal. Bases dont le potentiel d'optimisation et donc d'évitement est maximal. Résultat, un piètre rendement de l'impôt et une pression fiscale qui tend à refluer en début d'année 2013.
Prenons ensuite les politiques de soutien aux entreprises. Il est erroné de réduire la loi de sécurisation de l'emploi ou le CICE à de la pure cosmétique.
D'abord la loi de sécurisation de l'emploi : elle apparaît bien comme une avancée significative en matière de flexibilité, pour les grosses PME du moins. Elle facilite effectivement l'ajustement des salaires, dans le cadre des accords de maintien de l'emploi et elle simplifie incontestablement les procédures concernant les plans sociaux. Il s'agit certes de réformes à petit pas. Mais qui s'agrègent à d'autres. C'est le cas des ruptures conventionnelles, mises en place par le précédent gouvernement par exemple. Elles représentent aujourd'hui 15% des ruptures de CDI. Sans parler de l'intérim. Touche à touche, le marché du travail est beaucoup moins figé qu'il y a 10 ans.
Ensuite le CICE, stigmatisé, le plus souvent a priori, pour sa complexité. Le crédit d'impôt pourrait d'ici 2014-15 gommer près de la moitié de la divergence des coûts salariaux accumulée depuis 2000 entre la France et l'Allemagne.
A relativiser en revanche le plan d'investissement de 12 milliards sur 10 ans présenté comme le gage d'une vision long terme. Un petit plan en fait si on l'affiche en flux annuel mais là encore, ce plan confirme la pérennité d'un dispositif novateur initié par le précédent gouvernement celui du grand emprunt et du commissariat général à l'investissement qui n'a pas encore, loin de là, épuisé ses effets et renouvelle en profondeur la démarche de l'état investisseur. Un Etat qui n'édicte plus des grands projets mais qui les sélectionne sur la base d'un avis indépendant. Un Etat capital risqueur en quelque sorte.
Face à cela une sur-communication autour de l'emploi aidé. Un positionnement qui peut laisser penser que le gouvernement impuissant de réfugie dans les vieilles recettes éculées du traitement social du chômage. Mauvais présage qui pourrait laisser croire qu'il n'existe d'autre salut en France pour les jeunes que celui de l'emploi subventionné et de l'état ankylosé. Mais effet d'optique là encore , à y regarder de plus près l'emploi aidé n'a et n'aura pas la place que lui confère la communication gouvernementale entre reflux des anciens dispositifs, passé sous silence et la lente montée des emplois d'avenir et génération la contribution de l'emploi aidé n'est pas celle que l'on croit.
Ceux qui aiment les politiques radicales, les électrochocs de l'urgence ne se retrouveront pas dans ce cap furtif de la politique française. Mais après tout, les économistes pourraient aussi découvrir avec plus de retard encore que les toxicologues, que l'effet cocktail existe. La combinaison de minidoses peut aussi produire son effet.
Olivier Passet, Hollande : une politique de l'offre à mini-doses, une vidéo Xerfi Canal
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