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L'incompétence des économistes face à la crise sociale

Publié le vendredi 13 septembre 2019 . 5 min. 12

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Pourquoi les économistes ont-ils si peu de choses à dire sur la crise de la société ? Sur la base de leurs outils standards ils n’objectivent que très peu la crise diffuse qui fissure le tissu social. La France est du point de vue statistique un pays qui a contenu la montée des inégalités. Grace notamment à l’importance de la redistribution. On peut retraiter ces indicateurs, les scruter à la loupe, le constat résiste. Le pourcentage des revenus capté par les 10% les plus riches, indicateur phare popularisé notamment par Thomas Piketty, indique une légère dérive du ratio au fil des années 2000 après redistribution, puis une embardée en 2008, la crise ayant d’abord pénalisé les plus précaires. Mais cette dérive a été corrigée par la suite. Idem pour le coefficient de Gini …indicateur plus abscons, mais qui continue à faire référence.

Autre indicateur qui fait autorité également, le ratio qui rapporte la masse des revenus après redistribution perçus par les 20% les plus riches à la masse des revenus perçus par les 20 % des plus pauvres …à 4,3, ce multiple diffère à peine des niveaux qui prévalaient il y a 20 ans. Alors certes, ces indicateurs pourraient écraser une autre réalité. Entre les situations extrêmes des plus pauvres et des plus riches, la classe moyenne aurait été prise en étau, grande oubliée de la redistribution… mais là encore, rien de tel n’est objectivable. La masse des revenus perçue par les 60% de la population comprise entre les plus riches et les plus pauvres, demeure stable.

Un biais de perception

Le sentiment de montée des inégalités par les français serait donc avant tout un biais de perception. Tout au plus doit-on concéder que tous ces indicateurs comportent une certaine dose d’incertitude…. Notamment du côté des plus hauts revenus. Mais, il faut bien admettre aussi, que les économistes ne sont pas les mieux armés pour restituer les racines du malaise social hexagonal.

Il y a d’abord le fameux effet lampadaire… qui amène à scruter les phénomènes que les outils statistiques éclairent. Et il est vrai, que les économistes sont depuis des années obnubilés par la question du chômage et de la précarité. Avec une vision binaire qui clive le tissu social entre ceux qui travaillent, les insiders, un peu rapidement considérés comme sans problèmes, protégés…. Et ceux qui sont qui sont en dehors du marché du travail ou présents de façon intermittente, considérés comme des outsiders. Or si le stock des outsiders fluctue avec le cycle (Chômeurs, CDD), sa part est relativement stable sur le long terme. Et que leurs revenus monétaires ont été préservés par les aides sociales… Le second bloc, des insiders, lui, fait l’objet très peu d’attention… les trajectoires de carrières, les phénomènes de surqualification, de déclassement, sont très peu analysés. Et l’on découvre un peu tardivement que les qualifications intermédiaires sont de plus en plus malmenées par l’irruption du digital, qu’à qualification égale, l’emploi se fixe aujourd’hui sur des emplois moins gratifiants… des petits jobs de service.

Plus généralement, nos photographies, par nature statiques, tendent à voiler les dynamiques… Les trajectoires de revenu et de carrière des cohortes les plus jeunes ne sont pas équivalentes à celles des cohortes des anciens baby-boomers. Voilà longtemps que Louis Chauvel l’a objectivé. Mais ce n’est pas ce que révèle la photo de famille ou se mêlent indistinctement jeunes et vieux.

Stagnation des niveaux de vie

De surcroît, si les écarts ne se creusent sur la photo de famille, cette stabilité recouvre une stagnation des niveaux de vie depuis la crise, qui est inédite et qui n’a pas du tout la même portée, selon que l’on est en haut ou en bas de l’échelle sociale.

La lecture monétaire des économistes tend aussi à écraser un autre phénomène. Les inégalités sont stabilisées par l’appareil redistributif, certes. Mais avant redistribution elles se creusent, et de plus en plus de foyers sont dépendants des aides sociales : 3,8 millions de foyers étaient éligibles à la prime d’activité avant la crise des gilets jaunes et 6 millions de personnes sont bénéficiaires des APL…. Autrement dit, une part croissante de la population est marquée du signe de la pauvreté et de la dépendance. Vivre de son travail ou de l’aide sociale, ce n’est pas la même chose.

Il y a aussi la limite des concepts que nous mobilisons. Dépenser, plus de transport, plus d’entretien de son logement, plus de télécommunication, plus d’éducation, de santé, c’est plus de conso, plus de bien-être pour un économiste… C’est souvent plus de dépenses subies et non choisies pour l’utilisateur, qui voit son reste à vivre fondre comme neige au soleil.

Et puis, il y enfin tout ce que l’économiste ne scrute pas… les écarts de revenus qui se creusent au sein des grandes agglomérations, les territoires excentrés, la France pavillonnaire etc… tout ce que perçoivent les sociologues, les démographes, à côté de quoi passent les économistes.


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