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Xerfi Canal TV présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses - Xerfi

 

Pour la BCE, il faut transformer l’essai de la reprise. La reprise de la consommation est une aubaine. Mais pour qu’elle ne soit pas qu’un feu de paille, il faut continuer le chantier des réformes structurelles : poursuivre la réforme du marché du travail, lever toujours plus les obstacles à la concurrence, alléger la fiscalité du capital. C’est par le renforcement de la croissance potentielle que la reprise s’inscrira dans la durée. Il s’agit là du discours unanime de toutes les institutions internationales. Ce qui revient à dire que les économies, mondiale et européenne, sont essentiellement malade de l’offre.

 

Il faut pourtant se méfier de ces discours marqués du sceau de l’évidence. Car les causes profondes d’une crise ne sont jamais observables. Ce que l’on observe ce sont les symptômes. Et précisément les symptômes sont trompeurs. Disons plus clairement  qu’un problème d’offre se manifeste souvent à travers un affaiblissement de la demande.  Et réciproquement. Si l’on prend la crise de 73 par exemple,  la rigidité de l’offre était la cause profonde de l’enracinement de la stagflation. Les entreprises, en dépit des efforts de relance publique  optaient pour une hausse des prix plutôt que pour celle des volumes. L’inflation consumant le pouvoir d’achat et donc la demande, les pouvoirs publics agissaient du côté de la demande et des salaires, renforçant au final le mal.  Idem lorsque les blocages sont du côté de la demande. Face à un débouché qui se réduit, la concurrence s’exacerbe, la rentabilité baisse, l’assiette fiscale se nécrose, et tout donne le sentiment que le manque de compétitivité est la cause de tout et que l’état ankylosé est la source du mal. Les remèdes déployés, que ce soit la modération salariale, la réduction des dépenses publiques, la libéralisation, ne font pourtant qu’aggraver le mal. Et la façon la plus sûre pour tuer la reprise dans l’œuf est précisément de continuer dans cette voie contrairement à ce qu’affirme la BCE.

 

Ben Bernanke, l’ancien président de la FED n’a cessé d’ailleurs de mettre en alerte depuis 2005 sur ce déficit chronique de demande qui pénalise la croissance mondiale. Dont la source est d’abord du côté des pays émergents et des pays vieillisants, Japon et Allemagne en tête. Il ne croit pas aux démonstrations de la stagnation séculaire qui évoquent la démographie américaine, le réservoir épuisé de l’activité des femmes ou le ralentissement du progrès technique pour expliquer l’affaissement de nos potentiels de croissance. Avec un argument principal. Si le problème était là, la mobilité du capital le corrigerait. Même  si nous n’avons plus les mêmes gisements de main d’œuvre disponible ou de productivité que par le passé dans les pays développés, cela n’est pas vrai à échelle mondiale. Il suffit alors au capital de se déplacer pour maintenir la croissance globale.
Or, il est faux de considérer que la demande serait l’affaire du court terme, tandis que l’offre serait l’affaire des politiques structurelles de long terme. La demande au aussi des déterminants structurels.

 

La démographie et la pyramide des âges d’abord. Ce paramètre est peu manipulable, mais il l’est quand même à travers les politiques de natalité et les politiques migratoires ; La répartition ensuite. Les inégalités excessives favorisent l’épargne au détriment de la consommation puisqu’elles déplacent le revenu vers les populations qui ont la plus faible propension à consommer. Or l’abondance d’épargne fait baisser les taux d’intérêt et ce régime de faible taux alimente les bulles à répétition. Le risque pesant sur les ménages ensuite. Trop de précarité ou trop peu d’assurance encourage l’épargne de précaution. Toujours au détriment de la demande. Dommage donc, que lorsque l’on aborde les politiques structurelles ne soit évoqué que le versant de l’offre.

 

Olivier Passet, Le déficit le plus grave, c'est la demande mondiale !, une vidéo Xerfi Canal TV


Publié le lundi 27 avril 2015 . 4 min. 08

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