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Les milliardaires s’enrichissent crise après crise : conséquences

Publié le mercredi 4 novembre 2020 . 5 min. 20

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Les milliardaires s’enrichissent quand ça va bien. Les milliardaires s’enrichissent encore plus quand ça va mal. C’est ce que nous apprenait une étude d’UBS, qui a défrayé la chronique au début du mois d’octobre. Les mécanismes on les connaît. 1/ Les banques centrales ont tout fait pour limiter et écourter la casse sur les prix d’actif ; / Les secteurs locomotive de la cote ont été boosté par la crise : les techno, la santé, le e-commerce etc. 3/ Les détenteurs de fortune ont profité de la dégringolade des cours pour racheter les actions à bas prix, profitant ainsi de l’ascenseur de la remontée des cours par la suite.


C’est une tendance de fond, qui dépasse de loin les figures de la tech, les Jeff Besos, Bill Gates, Marc Zuckerberg et compagnie, ces rock- star du capitalisme digital triomphant. Le nombre des milliardaires ne cesse d’exploser depuis 2010 dans toutes les grandes régions du monde, en complet décalage avec les difficultés croissantes de l’économie réelle. On les retrouve en nombre croissant dans la construction, l’immobilier, le luxe, ou même l’électro-ménager, la sidérurgie etc. et dans tous les pays, quel que soit l’état de leur économie. Quel que soit l’origine de leur fortune, la surface financière des plus riches leur permet, par le jeu de la diversification,  de tirer profit des valeurs qui montent. 


Est-ce un vrai problème ? Je ne reviens pas sur les mécanismes qui font que les milliardaires ont gagné au fil des années un totem d’immunité. Pour dire les choses rapidement, cette immunité est un effet collatéral des politiques monétaires menées de crise en crise, taux zéro, émission massives de liquidité etc. Elles n’ont pas été conçues sciemment dans la seule fin d’enrichir les plus riches aux dépens des autres couches sociales. Ces politiques visent d’abord à libérer des marges d’endettement supplémentaire aux États, pour stabiliser l’économie, éviter les défaillances en cascade et les dynamiques déflationnistes qui plongeraient les populations dans le chômage et la pauvreté. Elles sont conçues aussi pour éviter une défaillance bancaire qui ruinerait l’ensemble des épargnants, petits ou grands. Et jusqu’ici, ces politiques limitent en effet la casse pour le plus grand nombre, par rapport à ce que supposerait un jeu de marché et de contagion livré à lui-même. Bref, cet enrichissement n’est pas à proprement parlé un hold-up au détriment des classes moyennes et populaires. A certains égards, cet argent peut sembler n’avoir été pris à personne. C’est un effet de richesse pur qui repose sur la confiance des marchés sur le fait que les valeurs de s’effondreront pas et sur la croyance que certains secteurs ne peuvent que renforcer leur position dominante.


Cette idée que la fortune des uns ne se bâtit aucunement sur l’appauvrissement des autres, voire qu’elle auto-renforce un moteur tech du capitalisme, qui bénéficie à tous, est pourtant fausse. D’abord parce que l’immunité de la valeur des actifs a un prix. Elle se gagne au prix de l’émission de dette publique qui, si demain elle n’est plus refinancée sans limite par les banques centrales, reporte la charge du remboursement sur le contribuable. Autrement dit les milliardaires ont gagné leur immunité sur le dos d’une terrible épée de Damoclès pesant sur tous, et en particulier les générations futures. Quelque part les riches ont touché un avoir sur le fait que les politiques de stabilisation seraient un succès, tout cela étant gagé sur l’effort de toute la société, sur plusieurs générations. Ensuite, parce que la valeur élevée du prix des actifs a un impact sur la rentabilité exigée du capital. L’économie, même exsangue, doit être en mesure de dégager les profits et les rentes à la hauteur du prix des actifs. Les prix d’actifs d’aujourd’hui, font la pression sur les salaires de demain et les profits d’après-demain. Enfin, la concentration des fortunes n’est que la partie émergée. d’un mouvement plus profond de concentration du capital, par le jeu fusion et acquisition. Cette dernière s’opère au détriment de la croissance extensive et donc de l’investissement et de l’emploi. Et puis ajoutons un dernier élément. Cette immunité de la finance, gagnée à renfort d’endettement bon marché, neutralise ce qui était au cœur des mécanismes de reprise : la baisse du prix des actifs, qui était aussi ce qui permettait par le passé de relancer la machine. La baisse du prix des terrains et de l’immobilier armait notamment une nouvelle vague d’acquisition élargie à la classe moyenne, corrigeant ainsi les inégalités patrimoniales. Maintenir à un niveau élevé le prix des actifs, bloque ainsi ce mécanisme de respiration essentiel. Bref, les milliardaires ne sont pas seulement le fruit accidentel de l’argent bon marché, mais bien celui d’un étau financier insidieux, qui pressurise les classes moyennes et in fine la croissance réelle.


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