Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Disons-le d'emblée. Il n'y a pas aujourd'hui de marges de manœuvre pour accroître la compétitivité coût des entreprises sans porter atteinte au pouvoir d'achat des ménages.
Et logiquement, le gouvernement rechigne à faire financer la baisse des charges par un prélèvement supplémentaire sur les ménages. L'hésitation est légitime. La CSG est une retenue à la source. L'augmenter de 30 milliards c'est exercer une ponction directe sur la consommation de 1,5 à 2 %. C'est amputer la croissance de près de 2 points. Après la rigueur déjà programmée, c'est faire basculer la France dans une récession lourde pour 2013. C'est perdre 1 point de PIB de recettes fiscales. C'est louper assurément la cible de 3 % de déficit. C'est donc perdre sur les deux tableaux… celui de la croissance et celui des cibles de déficit.
Seul point positif, c'est aussi réduire notre différentiel de demande intérieure avec le reste de l'Europe … donc mécaniquement réduire notre déficit commercial…. Mais peut-on vraiment appeler cela « compétitivité ? ».
Quand le patron de Bercy se déclare "défavorable" à une augmentation de la CSG pour compenser la baisse des charges, on le comprend. Mais sa position souligne aussi l'impasse dans laquelle s'est placé le gouvernement en adoptant la ligne dure des 3 % de déficit. Car la paralysie gouvernementale doit être jugée à l'aune de deux autres scénarios.
1/ Celui dans lequel les 38 milliards de ponction des lois de finance de juillet et septembre auraient financé une baisse de charge ou des dispositifs de soutien aux ETI. Prélever sur les grandes entreprises et sur les hauts revenus pour financer la baisse des charges. Un transfert de ceux qui disposent d'un fort pouvoir de marché vers ceux qui sont en position plus précaire. Cela fait sens. Les effets sur la consommation seraient minimisés et les effets sur la compétitivité seraient direct... Une partie de la hausse de CSG pourrait aussi être amortie par des hausses de salaire dans les secteurs les moins exposés…. Cela aurait signifié d'associer les partenaires sociaux au dispositif. Difficile d'établir le bilan de tout cela en terme d'équilibre budgétaire… mais pas certain que cela soit très éloigné de ce que le gouvernement obtiendra in fine en cherchant à atteindre à tout prix sa cible de déficit..
2/ Autre scénario celui dans lequel gouvernement ne fait rien en matière la compétitivité… ou fait du symbole, ce qui revient au même. Cela veut dire de trainer notre handicap de compétitivité vis-à-vis du nord mais aussi du sud de l'Europe. C'est l'emploi qui trinquera dans ce scénario… donc le pouvoir d'achat… sur mode totalement inéquitable. La France sera le pays malade de l'Europe pour de longues années. En cumulé, l'impact sur le pouvoir d'achat risque fort d'être très supérieur à celui qu'entrainerait une hausse immédiate de CSG.
Entre le scénario maintenant impossible et celui du pire que reste-t-il comme voie étroite au gouvernement ? Probablement de renoncer à une baisse des charges et de mettre en place des dispositifs de subvention et de baisse de charge concentrés sur les ETI. Baisser significativement l'IS sur les entreprises indépendantes inférieures à un certain seuil de taille. Créer des crédits d'impôts et de charge sur les dépenses qui renforcent les fonctions stratégiques des entreprises. Ce qui revient à élargir l'assiette du crédit impôt recherche. 5 à 10 milliards très ciblés plutôt que 30 approximativement ciblés et qui casseront la consommation.
Olivier Passet, Moscovici peut-il encore sauver le pouvoir d'achat ?, une vidéo Xerfi Canal
Publié le lundi 29 octobre 2012 . 3 min. 17
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