Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi
Il y un peu plus d'un an nous avions imaginé la reprise à défaut de la voir. L'exercice n'avait pas valeur prévisionnelle. Il s'est pourtant avéré fécond car il nous a permis de décrypter avec un temps d'avance des signaux faibles auxquels peu d'économiste accordaient crédit. C'est dans le même esprit que j'aimerais envisager ici les chances d'un scénario haut de croissance pour 2015. Quels en seraient les enchainements vertueux ? Rappelons en effet que c'est dans les phases de retournement de cycle que les conjoncturistes commettent les plus les plus fortes erreurs de prévision, quel que soit la force du consensus. Même si la raison penche pour une reprise molle en France et en Europe, les performances de 2015 peuvent-elles nous surprendre positivement ?
Premier constat : rappelons que les mesures de consolidation budgétaires menées à échelle européenne ont exercé une ponction supérieure à 4 points de PIB de 2010 à 2013. Cet effort synchrone a fortement déstabilisé les économies continentales, on le sait. Or ces politiques redeviendront quasiment neutres en 2014 et 2015. Lorsque l'on sait que les inflexions budgétaires portent le maximum de leurs effets à horizon d'1 an, c'est en 2015 que les États-membres de l'UE en constateront véritablement les effets.
Deuxième constat : Les économies développées sont aujourd'hui piégées dans des tendances déflationnistes dont elles peinent à s'extraire avec les instruments monétaires, même non conventionnels. Or partout, la prise de conscience du fléau et la nécessité de réinjecter des salaires et de ranimer une redistribution plus égalitaire des revenus est avance. C'est aux États-Unis notamment qu'il faut attendre le plus de cette inflexion car les pénuries de main d'?uvre devraient rapidement s'intensifier en même temps que l'économie se rapproche du plein emploi. La profitabilité record des entreprises pourraient fournir du carburant à ce rééquilibrage, tout comme la carte de la hausse du salaire minimum que Barack Obama pourrait bientôt sortir de sa manche. Et une reprise plus forte que prévue outre-Atlantique, c'est moins de pression à la hausse sur l'euro et une transmission favorable aux économies européennes.
Il y a enfin et surtout l'énorme potentiel d'investissement que pourrait libérer un éclaircissement de l'horizon conjoncturel et financier des entreprises. Cinq ou six années de gel des projets pourraient alimenter un cycle compensatoire. Les besoins de mise à niveau technologique, en matière de systèmes d'information, de robotique, d'impression 3D. La vague potentielle ne nouveaux produits et process que générerait le développement de produits connectés dans tous les domaines pourrait initier un cycle d'investissement particulièrement ample. D'autant plus ample que la restauration de la profitabilité des entreprises est bien avancée dans nombre de pays européens, et que les niveaux d'endettement des entreprises demeurent relativement faibles après des années de restriction.
Alors, oui, la reprise mondiale et européenne peut nous surprendre par sa vigueur. Un scénario haut ne peut être exclu à ce stade. La France n'en restera pas moins à la remorque des autres économies, tant que la construction demeurera en panne et que l'effort de restauration de la compétitivité prévaudra. Là l'imagination peut difficilement prendre le dessus de la raison. Mais même à la remorque, la France ne sera pas indifférente à la vitesse de la locomotive et sa potion de l'offre sera d'autant moins amère socialement que l'environnement mondial sera porteur.
Olivier Passet, Osons imaginer une reprise forte, une vidéo Xerfi Canal
Publié le jeudi 30 janvier 2014 . 3 min. 51
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