Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses de Xerfi
Nous prévoyons 0,8% de croissance pour 2015 en France, avec un rythme qui franchirait légèrement le seuil des 1 % à partir du second semestre. Un chiffre en retrait par rapport à la moyenne européenne et qui peut sembler dissonant avec notre discours optimiste sur la bouffée d’oxygène que procurerait la double décrue du cours du pétrole et de l’euro. Trois raisons principales à ce chiffrage prudent :
Premièrement, il nous faut tenir compte des délais de transmission de ces chocs positifs tout comme de l’incertitude sur leur ampleur. Avec deux principales réserves à ce stade :
1/ le fait que Mario Draghi peine à mettre en œuvre sa politique de quantitative easing. Et que la moindre déception à partir de janvier sur l’ampleur de l’augmentation du bilan de la BCE ferait peser un risque sur la dépréciation de l’euro.
2/ que la vitesse de la désinflation éloigne le gouvernement de sa cible de déficit et maintient la pression budgétaire ; Autrement dit la neutralité ou quasi-neutralité n’est pas encore acquise, ni à échelle hexagonale ni à échelle européenne.
Deuxièmement, la croissance française reste pénalisée par le point noir de la construction. La construction qui constitue traditionnellement un facteur d’entrainement de la reprise, mais dont le cycle est aujourd’hui totalement déphasé. Derrière ce dérèglement, un ajustement par les prix qui n’a pas eu lieu, ou trop modérément, contrairement à d’autres pays. Et des travaux publics aux portes de l’enfer. Dans ce contexte, même avec des taux d’intérêts historiquement faibles et en dépit d’une stabilisation en milieu d’années 2015, la France enchaînera une seconde année de baisse de l’investissement immobilier : -1,1% après – 4,1% en 2014.
Troisièmement, la rigidité des salaires réels à la baisse consume une partie des gains attendus du CICE. La France ne fait pas aujourd’hui suffisamment la différence en termes de coûts unitaires pour que le commerce extérieur contribue positivement à sa croissance. Avec 2,5% de croissance des exportations et 2,9% de progressions des importations, le commerce extérieur ponctionnera encore 0,2 point de croissance. C’est à peine mieux que les 0,3 point de 2014.
Alors, si la croissance se redresse légèrement en 2015, c’est d’abord du fait de la consommation en progression de 0,9% par rapport à 2014. En arrière-plan un baisse de 0,3 % de l’emploi. Mais une hausse de 1,1 % du salaire nominal par tête, à peine rognée par la très faible progression des prix à la consommation : 0,2%. Autrement dit un pouvoir d’achat du salaire qui augmenterait de 0,9 %, dans un contexte de quasi neutralité fiscale, mais aussi d’érosion des revenus de la propriété et des revenus de transfert. Au final le pouvoir d’achat du revenu disponible progresserait de 0,7 % en 2015.
L’investissement en biens d’équipement des entreprises constitue le second facteur d’accélération de la croissance. Et si l’effet du CICE est diffus, l’aubaine de la décrue des prix de l’énergie va considérablement desserrer l’étau des marges pour les entreprises, notamment pour les entreprises industrielles. Même si l’économie demeure en surcapacité et que la reprise de la demande reste molle, cette détente libère les besoins latents de renouvellement du parc d’équipements liés au vieillissement des installations en place.
Au final, 2015 sera l’année d’une reprise molle par la consommation. Fatalité française. Une reprise qui n’extirpe pas le risque majeur de déflation et qui reste loin de la relance par l’offre voulue par le gouvernement.
Olivier Passet, Prévisions France 2015 : les moteurs et les freins de la reprise, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 16 décembre 2014 . 4 min. 05
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