Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économique de Xerfi
Le sentiment de déphasage entre marché et économie réelle est aigu. Et si les marchés boursiers ont pour fonction première d'évaluer la valeur des entreprises, ils le font avec une marge d'erreur de 50 ou 70 % si l'on en croit le yoyo des grandes cotations depuis 10 ans. Pourtant, aussi mimétique, versatile, déconnecté qu'il soit, le marché américain tend toujours à se retourner avec un temps d'avance sur la croissance. Parce que Wall Street est le semeur de trouble de l'économie réelle diront certains… mais pas seulement.
Le Conference Board, producteur américain d'enquêtes conjoncturelles, et maître dans l'art des indicateurs avancés, considère l'indice S&P 500 comme l'un des meilleurs prédicteurs des retournements de l'économie américaine à 6 mois ou un an. L'indice de Wall-Street fait partie des 10 séries qui composent l'indicateur composite avancé de l'activité, indicateur confirmé et même re-confirmé au fil des années. Et en 2011, la bourse, arrivait encore en 4ème position en terme de pouvoir prédictif.
Regardez en effet le comportement de la bourse avant et pendant les principaux épisodes de récession. La bourse s'est presque toujours retournée plusieurs trimestres avant le pic du cycle et a amorcé une reprise avant le point bas de la récession. Ce fut vrai lors des chocs pétroliers, lors de la récession du début des années 90's, à l'exception du mini krach de 1987 qui a laissé l'activité de marbre et ce fut encore le cas dans les années 2000.
Alors paradoxe ? Illusion ? Non. Il existe quelques bonnes raisons à ce pouvoir de boule de cristal des indices. Car si les traders ne savent en rien évaluer la valeur intrinsèque d'une entreprise, ils scrutent en revanche tout micro-signal concernant la profitabilité et la croissance d'une entreprise. Par rapport au macro-économiste qui vit sur une information moyenne, agrégée et déjà représentative d'un temps révolu, ils catalysent une masse d'information fine présente et future, représentative de grands groupes qui donnent à la fois le « la » des marchés mondiaux, et d'une part importante de l'économie nationale. De surcroît, la bourse reflète aussi les conditions de financement. Une anticipation de détente sur les taux d'intérêt et de faible inflation bénéficie en général à la bourse. Les variation de la bourse font ainsi sens.
Alors que nous dit la bourse américaine aujourd'hui ? Le S&P 500 flirte avec son plus haut historique… zone à risque donc puisque la reprise industrielle connaît quelques ratés et que la bourse hésitera à franchir un seuil symbolique qui lui fut fatal il y a 13 ans et il y a 5 ans encore…. Un retournement à ce stade n'est donc pas à exclure. Il pourrait alors sonner le glas de la reprise. Ce scénario n'est pourtant pas le plus probable. Car la bourse doit aussi être jugée à l'aune des profits dégagés par les cotations américaines et lorsque l'on rapporte les cours boursiers aux profits, les marges de hausse sont bien réelles. D'autant plus qu'il existe une liquidité abondante encore aux abris sur des titres publics à rendement quasi-nul qui peuvent fournir du carburant à la hausse des bourses.
En définitive, si le pari de la reprise américaine se jouait à la bourse, il ne serait pas perdu d'avance.
Olivier Passet, Quand la bourse prévoit la croissance…, une vidéo Xerfi Canal
Publié le mardi 19 février 2013 . 3 min. 51
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