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Réinventer l'Etat interventionniste

Publié le mardi 5 mars 2019 . 5 min. 23

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Je vais emprunter ici un long détour pour expliquer en quoi nos États doivent renouer avec une culture interventionniste au plan économique. Le capitalisme a eu son heure libérale et même ultra-libérale avec l’apogée de la mondialisation financiarisée. Mais on le sait aussi, le capitalisme respire, évolue, et connait de grands jeux de bascule. Et chacune de ces grandes phases où  se met en place un régime de croissance plus ou moins stabilisant est ponctué de crises. La crise sanctionne le moment où selon la terminologie marxiste, le système n’est plus en mesure d’assurer les conditions de sa propre reproduction. Ou pour adopter une terminologie moins connotée, le moment où le régime n’est plus soutenable. Le moment où les déséquilibres sociaux et financiers s’empilent sur un mode cumulatif. Et nous sommes sans doute à un de ces stades, à la charnière entre deux régimes. Et cette phase de déplacement de plaque tectonique est à haut risque. C’est le moment où la crise économique coagule en crise sociale, politique, démocratique et aujourd’hui environnementale.


Les forces du capitalisme


La force du capitalisme, c’est sa capacité à  mobiliser efficacement les ressources en vue de la production de richesses, et surtout d’animer un puissant mouvement d’innovations. Sa faiblesse réside dans les contradictions qui le traversent. La doxa marxiste a toujours sous-estimé la capacité du capitalisme à vaincre l’entropie de la baisse tendancielle du taux de profit à travers le progrès technique et le renouveau des institutions. Elle a en revanche bien pointé les forces de concentration du capital et des revenus, le déséquilibrage du rapport de force que cela engendre entre les acteurs économiques pour la captation de la valeur.


Les forces qui poussent à la concentration du capital et à des bais de répartition mortifères sont de plusieurs ordres : Plus les marchés maturent, plus les entreprises tendent à se concentrer et avec elles le capital, dans une course aux économies d’échelles, à l’efficience et au pouvoir de marché. Mais il existe aussi une seconde force de concentration mésestimée. Celle qui se produit dans les phases de rupture radicale du progrès technique. Quand l’irruption d’innovations génériques donne naissance à des monopoles qui bénéficient de l’avantage du pionnier. Cette concentration de la rente du progrès technique est à la fois utile et dangereuse. Utile, parce que c’est elle qui permet de mobiliser massivement du capital. Et dangereuse, parce que cette rente technologique est concentrée entre les mains d’un tout petit nombre, au détriment des secteurs qui se meurent ou sont pressurisés.


Et puis entre ces deux forces, il y a les fantassins du capitalisme, ces entreprises qui se bâtissent des marchés locaux, des avantages de niche, qui se diversifient sur un mode incrémental et se déploient sur les différents niveaux de gamme. Ce sont elles qui créent un continuum qui soude la société et consolident le sort des classes moyennes.


La tentation de la solution autoritaire


Or nous sommes précisément dans un de ces moments de l’histoire où les deux premières forces de concentration jouent à plein, et avec elles, les distorsions maximales dans la répartition des richesses. C’est à ces moments-là que la lecture marxiste de l’histoire reprend ses droits et que les meilleures têtes de la théorie de l’équilibre général nous paraissent hors-sol avec leur lecture a-historique de l’économie. C’est à ce moment aussi que l’approche évolutionniste de type destruction créatrice à la Schumpeter nous parle. Mais elle nous renvoie inévitablement à cette citation maintenant galvaudée de Gramsci sur les démons qui surgissent dans le clair-obscur qui sépare l’ancien et le nouveau monde.


C’est précisément à ce moment que l’ancien monde est tenté par la solution autoritaire, la capture de l’État, faisant primer ses intérêts au détriment de l’intérêt général, faisant primer l’ordre par la force face à un tissu social déliquescent. Face à cela on peut réaffirmer les grands principes de la démocratie libérale, prôner la concurrence non faussée, s’épuiser à corriger les problèmes de répartition ; en vain face à la puissance des forces en présence. Où l’on peut être conscient que le cœur du problème est au niveau des infrastructures productives, et agir, réglementer, orienter l’investissement pour favoriser l’éclosion d’une économie harmonieuse. Les leçons de l’histoire, c’est que la vieille Europe de l’entre-deux guerre a laissé surgir les démons tandis que les États-Unis, plus avancés vers le nouveau monde ont choisi la voie de l’interventionnisme avec le new deal. C’est au tour de la vieille Amérique aujourd’hui de succomber à la tentation autoritaire… Et la seule réponse que l’on connaisse à cette menace, ce n’est pas la réaffirmation d’un capitalisme libéral, mais bien la rénovation par l’État des institutions et un rôle actif dans l’allocation du capital sur un mode interventionniste.


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