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Xerfi Canal présente l'analyse d'Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi

 

Trop ou trop peu, que doit-on penser de l’évolution des salaires aujourd’hui ? Le ralentissement des salaires est-il en train de nous faire glisser lentement mais surement sur la pente de la déflation ? Ou bien leur progression encore positive est-elle en train de consumer un peu plus notre compétitivité coût ? Pour y répondre, encore faut-il s’y retrouver dans la cacophonie des chiffres.

 

Commençons d’abord le salaire mensuel de base. Celui-ci nous délivre une information clé sur l’évolution des salaires, à qualification constante. Il n’intègre pas les primes mais en revanche il est sensible aux heures supplémentaires. Disons grosso modo, que c’est la hausse que constatera un individu sur sa feuille de salaire s’il ne change pas de poste,  ne progresse plus et ne touche pas de rémunération variable.
Que nous dit cet indicateur : que jamais la progression des salaires, n’a été aussi faible en France. Le salaire de base progresse au rythme de 1,4 % l’an à la mi-2014. C’est faible, mais cette évolution doit être mise au regard de l’évolution de l’inflation et l’inflation n’évolue plus aujourd’hui qu’à un rythme voisin de 0,5 %, un de ses plus bas historique. Ce qui signifie que le pouvoir d’achat du salaire réel continue à croître à un peu moins de 1 %. Un rythme qui est proche des tendances de longue période.

 

Regardons ensuite le salaire tel qu’il est mesuré dans l’indice du coût du travail de l’INSEE. Celui-ci est horaire. Il intègre les primes et rémunérations annexes et est sensible à la structure des qualifications. La tendance est encore proche de 2 % au second trimestre. Là aussi le rythme est faible, dans l’absolu, mais cet indicateur confirme que même en tenant compte de la composante variable du salaire, les salariés en place voient le pouvoir d’achat de leur salaire progresser.

 

Au final, dans un contexte de déflation des prix de production et de très fort ralentissement des prix à la consommation, les salariés sont relativement préservés. Il faut alors s’interroger sur ce qui a permis aux entreprises de baisser leurs prix sans reporter intégralement l’ajustement sur leurs salariés, alors même que leurs marges étaient au plus bas. Cette équation ne trouve de solution que si une partie du CICE a été utilisée, non pour amortir la rigueur salariale.

 

Il est bien sûr beaucoup trop tôt pour faire un bilan du CICE. Les premières enquêtes réalisées par l’INSEE, semblent indiquer que son allocation est très variable, se partageant entre l’emploi, les prix et les salaires et l’investissement. Autrement dit, l’arme clé du gouvernement pour remettre sur rail la compétitivité de nos entreprises semble se muer en  dispositif multifonction, tout autant soutien au pouvoir d’achat, que soutien à la compétitivité ou à l’investissement. Par cette polyvalence, il fait surtout office de corde de rappel face à un risque de dévissage particulièrement aigu.
C’est la conséquence logique de son ciblage large, et du fait qu’il bénéficie majoritairement à des secteurs protégés. Ces secteurs disposent d’un degré de liberté plus grand dans l’allocation du crédit d’impôt et sont moins enclins, à le répercuter sur leur prix de vente ou à l’affecter à la restauration de leurs marges.

 

Les puristes regretteront le côté tout en un de la réforme, mais ces premiers signaux fournissent au moins une indication : si le CICE n’est probablement pas la meilleure arme  en faveur de la compétitivité, il  permet au moins de sauver les meubles dans une période particulièrement critique.

 

Olivier Passet, Salaires et pouvoir d'achat sauvés par le CICE, une vidéo Xerfi Canal


Publié le mardi 23 septembre 2014 . 3 min. 32

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