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Un Etat obèse, pris en otage et plus faible que jamais

Publié le jeudi 12 novembre 2020 . 5 min. 48

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La crise sanitaire marque en apparence un retour de l’État, disons une re-légitimation de l’État interventionniste. Sans son action, l’économie se serait effondrée. À travers les aides ciblées, à travers les dispositifs de chômage partiel, le système des prêts garantis ou encore à travers le soutien aux différents secteurs névralgiques du plan de relance, l’économie est maintenue en état de survie artificielle. Mais il ne s’agit pas là d’un choix doctrinal.


Cette bifurcation s’impose, au gouvernement français comme à tous les autres gouvernements de la planète, y compris les plus rétifs, Allemagne en tête. Les gouvernants ne se sont pas soudain tous convertis à la dette, à la relance keynésienne, pas plus qu’ils n’ont renoncé à l’économie de marché et décidé de se rallier au dogme de l’intervention, de la socialisation et peut-être demain de la collectivisation des moyens de production. Rien n’a été prémédité. Ce revirement ne tient qu’au pragmatisme et à une fuite en avant dans l’action pour sauver ce qui peut être sauvé. Mais au fond, personne ne connaît l’issue d’un processus improvisé dans l’urgence. Les gouvernements des pays avancés sortiront de cette séquence avec plusieurs dizaines de points de PIB de dette supplémentaires. Et chacun pressent, que ce qui fait solution à court terme, peut devenir le problème de demain.


Socialisation des pertes privées (encore)


Le discours sur le retour de l’État ne saurait se contenter de la seule volumétrie des dépenses et des dettes. Certes, le poids de la dépense publique dans le PIB augmente partout. Et l’accès à une dette gratuite semble ne plus opposer aucune limite à la croissance des dépenses. Mais cette dernière reproduit ce qui s’est passé lors d’autres épisodes de crise depuis plusieurs décennies. L’État à travers son intervention ne fait au fond que reprendre à son compte les pertes de la sphère privée, qu’il socialise. Autrement dit qu’il répartit entre tous les contribuables. Cette dérive des dépenses s’inscrit dans une tendance qui n’a fait que se renforcer au fil des années. Un non-dit dont nous avons maintes fois souligné l’importance croissante. La montée en puissance d’une fonction assurantielle de l’État, qui est à l’origine de l’essentiel de la hausse de la dette des pays avancés depuis 20 ans et qui ne donne lieu à aucun provisionnement faute d’être reconnue.


Le nouveau consortium qui se dessine entre la finance et les États, et qui semble procurer à ces derniers des moyens illimités, sur lequel ils pourraient asseoir son ascendant sur les autres acteurs de l’économie, n’existe que pour expurger le risque de la sphère privée, et protéger les détenteurs de capitaux des pertes inhérentes à l’instabilité croissante du système. Ce faisant, cet ascendant apparent de l’État n’est que la manifestation d’une instrumentation sur laquelle, ni le citoyen, ni le politique n’a droit au chapitre. Le renflouage des agents privés, le report de la dette sur la collectivité se produit sous la tutelle bienveillante des banques centrales, et tout cela a pour seul but d’éviter une défaillance généralisée des agents privés, une contagion des risques qui atteindrait tout aussi violemment la sphère réelle et la sphère financière.


Une mise sous tutelle financière


Et ce poids croissant de la dette est précisément ce qui étiole peu à peu ses possibilités d’intervention discrétionnaires traditionnelles. Le renflouage des pertes du privé prend le pas sur toutes les autres missions de l’État. Elle met sous pression les fonctions historiques qu’elles soient régaliennes, sociales ou productives. L’hyper sensibilité de la solvabilité des États aux conditions de financement, le risque disproportionné induit par une petite variation des taux d’intérêt, fait que ces derniers passent sous tutelle financière comme ils ne l’ont jamais été et qu’ils sont soumis plus que jamais, comme les entreprises aux bonnes règles de gouvernance qu’édictent les gestionnaires d’actifs. Une tutelle qui dramatise l’impôt, notamment sur le capital et dédramatise la dette. Ce que produit la crise, c’est un État obèse… mais plus faible que jamais et de moins en moins en mesure de répondre aux préférences issues du jeu démocratique.


Des acteurs privés plus puissants que l’État


Reste que la crise a eu une autre conséquence qui la différencie des précédentes. Elle surligne précisément les défaillances de l’État sur ses fonctions essentielles qui ont trait au bien commun : santé, éducation, production à caractère stratégique. La crise expose nos économies à des risques d’effondrement économiques et sociaux qui revêtent un caractère systémique tant la finance est exposée, elle-aussi, à ces défaillances. La crise replace aussi au premier plan l’État comme commanditaire clé pour solvabiliser et impulser les marchés de demain.


Mais comment ignorer l’autre message tout aussi fort de la crise. L’État n’a plus la main sur les infrastructures collectives essentielles. Il a été moins le garant de la continuité du système productif et du lien social que les géants de la net economy ou de l’industrie pharmaceutique. La vision du capitalisme de demain est portée in fine par ces acteurs et les gestionnaires d’actif qui les gouvernent. Et lorsque l’État fait mine de reprendre la main comme agent productif, il ne fait qu’accélérer les dessins d’acteurs privés plus puissants que lui.


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