Hausse de l'euro, déficit extérieur : la France va-t-elle décrocher ?
Publié le jeudi 25 janvier 2018 . 4 min. 36
En l’espace d’un an, le cours de l’euro s’est nettement apprécié par rapport au dollar. Pour remettre les choses en perspective, le point bas était en décembre 2016, avec un cours oscillant en moyenne autour de 1,05 dollar pour un euro. Depuis, le seuil des 1,20 a été franchi pour la première fois le 31 décembre 2017. Et sur les 20 premiers jours de 2018, la moyenne est de 1,21 dollar. Bref, depuis son point bas, l’euro s’est valorisé de 15% par rapport au dollar.
Les raisons sont à la fois politiques et économiques
L’allègement des incertitudes politiques en Europe, après deux années de stress terroriste et populiste, plus l’effet de sidération lié au Brexit a probablement produit un sur-ajustement à la baisse, qui tend à s’effacer avec le temps. De l’autre côté, les marchés hésitent entre amour et répulsion face à Trump.
En ce qui concerne les arguments économiques stricto sensu, le fait que la zone euro soit en train de recoller aux États-Unis en termes de croissance est généralement favorable à la revalorisation de l’euro. L’écart de conjoncture se résorbe, et cette phase du cycle booste traditionnellement la monnaie européenne.
Les écarts de taux d’intérêt de part et d’autre de l’Atlantique n’ont cessé de s’élargir en faveur des États-Unis depuis février 2013, pour atteindre un paroxysme fin 2017. Les choses tendent néanmoins à se stabiliser et un début de convergence pourrait se dessiner dans les mois à venir. Enfin, l’excédent commercial et des transactions courantes européennes, qui atteignent des niveaux record, créent un ensemble de forces convergentes qui accréditent la robustesse du mouvement et probablement son amplification.
On est loin des niveaux problématiques
Il faut bien sûr mettre les choses en perspectives. Aussi marqué soit le mouvement, il est encore loin de ramener l’euro sur ses niveaux problématiques de début 2008, ou encore des pics des précédents cycles. Et à en juger par le taux de change effectif réel, qui jauge la valeur de l’euro par rapport à l’ensemble des monnaies avec laquelle commerce la zone et la corrige de l’effet de l’inflation, le fameux alignement des astres n’est pas complétement mort. Face à l’inflexion actuelle, reste l’espoir que la politique de relance fiscale de Trump, totalement pro-cyclique, redonne un coup de fouet au dollar.
Pour l’heure, contentons nous ne regarder les choses telle qu’elles sont. A 1,20 dollar, l’industrie allemande reste dans sa zone de confort. L’euro reste en-deçà du niveau qui égalise les prix allemands et les prix américains, que l’OCDE estime à 1,28. Mais étonnemment, la France aussi, selon l’OCDE qui estime ce taux à 1,24 dollar. Plus étonnant encore compte tenu de la déflation salariale des pays du Sud, l’Italie pourrait encaisser un taux de 1,39 et l’Espagne de 1,50.
Mais la France décroche quand même
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