L’Europe, on le sait, est de plus en plus dépendante des importations chinoises, et notamment dans plusieurs domaines de produits incontournables. Mais derrière cette évidence se cache une réalité moins connue : la Chine dépend aussi de l’Europe, bien plus qu’on ne le croit. Le problème ? C’est que l’Union européenne exploite très mal cet avantage, laissant trop Pékin dicter les règles du jeu. C’est ce que souligne dans une récente étude Pauline Wibaux, économiste au CEPII.
Un rapport de force biaisé
Oui, l’Europe est dépendante de la Chine : elle importe massivement, notamment dans les secteurs stratégiques comme la chimie, l’électronique et la pharmacie : 74 produits critiques essentiels à son industrie provenaient majoritairement de l’Empire du Milieu selon les derniers chiffres connus. Pire, cette dépendance augmente chaque année.
Une dépendance réciproque sous-estimée
Mais cette lecture est incomplète. Car Pékin dépend aussi de l’Europe, et pas qu’un peu : l’UE est son premier fournisseur pour un quart de ses produits critiques, bien plus que les États-Unis. L’Europe est indispensable à la Chine dans des domaines clés : aéronautique, chimie de spécialité, technologies médicales, équipements industriels… Mais elle ne sait pas en tirer parti !
Une puissance aveugle à son propre poids
En effet, avec 450 millions de consommateurs et 17 000 milliards d’euros de PIB, l’UE est une superpuissance économique. Elle fixe des normes mondiales, influence la régulation des marchés et reste un acteur clé du commerce international. Sur certains segments, la Chine ne peut pas se passer de ses produits et technologies. Pourtant, à l’inverse des États-Unis qui n’hésitent pas à user de sanctions, de restrictions et d’un protectionnisme assumé, un phénomène qui s’accélère depuis l’élection de Donald Trump, Bruxelles hésite, tergiverse, et agit en ordre dispersé.
Une stratégie trop timorée face à la Chine
Pendant que les Etats-Unis font plier Pékin avec des interdictions sur les semi-conducteurs, l’UE, elle, se contente de légères mesures de filtrage des investissements. Selon l’auteur de l’étude, elle a pourtant la puissance d’imposer des conditions, mais choisit de ne pas l’utiliser !
L’interdépendance, une arme sous-exploitée
Pourtant, le Japon l’a compris : au lieu de simplement réduire ses dépendances, il cherche à rendre les autres dépendants de lui. L’UE pourrait jouer cette carte, renforcer ses positions là où elle est incontournable et faire de cette interdépendance un levier géopolitique. Mais elle préfère multiplier les plans sans coordination : Chips Act, Hydrogen Strategy, Critical Raw Materials Act… Des initiatives intéressantes, mais trop lentes, trop timides et sans vision globale.
Le réveil stratégique ne peut plus attendre
L’Europe a la taille d’une superpuissance économique, mais reste trop passive comme le souligne Pauline Wibaux dans l’étude du CEPII. A force d’attentisme et de divisions, elle continue trop souvent de subir au lieu d’agir, enfermée dans une dépendance qu’elle pourrait, pourtant, retourner en atout… si elle était plus unie et plus réactive.
Publié le mardi 04 mars 2025 . 3 min. 26
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