L'impôt confisqué : mais où est donc passé le "pognon"
Publié le vendredi 20 mars 2020 . 3 min. 30
Longtemps, le consentement à l’impôt allait de soi. Il est devenu un sujet central dans le débat fiscal. Il y a ceux qui défendent une taxation des grandes fortunes…
…parce que le creusement des inégalités discrédite le système fiscal.
Il y a ceux qui préconisent la refonte de ce même système fiscal, trop complexe et trop lourd…
…parce que les citoyens acceptent de moins en moins les prélèvements effectués dans une grande opacité.
Rappelez-vous les Gilets jaunes, en novembre 2018. Dans une vidéo virale, Jacline Mouraud harangue le pouvoir : « Qu’est-ce que vous faites du pognon ? »
Cette question fiscalo-métaphysique ouvre la crise sociale la plus violente de notre histoire contemporaine. Encore Président, François Hollande avait dressé un bon diagnostic: les contribuables considèrent qu’ils n’en ont pas pour leur argent.
Ils comprennent intuitivement que la contrepartie palpable de leurs impôts n’est plus d’abord la fourniture de biens et services collectifs…
…mais plutôt un outil pour changer la société… sans eux.
En janvier 2019, lors du Grand débat, une note de Bercy dresse un état des lieux sur la fiscalité et les dépenses publiques…
Qu’apprend-on dans cette note ?
Que sur 1000 euros de dépenses, les retraites – premier poste – pèsent 268 euros ! Ce constat sera vite oublié lorsque Matignon présente le régime à point afin… de contrôler le poids de pensions dans le PIB. Les Français se mettent en colère.
Comment s’en sortir ?
Renseigner le citoyen sur la destination de ses impôts, c’est bien. Informer le législateur ou l’élu des préférences budgétaires du contribuable, c’est mieux.
C’est par exemple ce que propose GenerationLibre. Le think tank libéral s’inspire du philosophe allemand Sloterdjik, pour qui l’érosion du consentement à l’impôt tient, je cite,…
…à « l’humiliation chronique qu’on fait subir aux classes moyennes », financeurs de la cohésion sociale mais priées de payer sans mot dire.
La solution ?
Une consultation budgétaire citoyenne… au cours de laquelle les contribuables affecteraient une partie de leur impôt sur le revenu à une des missions de l’Etat.
Parce que, dit le think tank, l’impôt ne devrait pas être un « chèque en blanc » a` destination du secteur public. En poussant à l’extrême le raisonnement, l’impôt passe d’une logique de confiscation à une logique de don…
Utopique ? Peut-être. Ce fléchage est d’ailleurs juridiquement impossible aujourd’hui...
Mais d’autres options sont envisageables. Lors des élections municipales, les promesses de « budgets participatifs » se sont ainsi multipliées. La collectivité alloue de l’argent pour réaliser les projets proposés et votés par les citoyens.
Révolutionnaire ? Peut-être. Mais moins que les révoltes fiscales, devenues chroniques
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de Rémi Godeau
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