J’ai lu avec intérêt Le chaos qui vient, de l’Américain Peter Turchin. Cet ancien biologiste théorique a créé un nouveau champ de recherche : la cliodynamique.
La cliodynamique exploite des millions de datas, récoltées sur 10 000 ans d’histoire, pour analyser les causes structurelles de l’effondrement des systèmes politiques.
En 2010, au début du mandat Obama, Peter Turchin s’est rendu célèbre pour avoir anticipé les années agitées du trumpisme.
Je le cite : « Les deux forces sociales primordiales qui nous ont donné la présidence Trump – et qui ont poussé les Etats-Unis au bord de l’effondrement – sont l’appauvrissement des classes populaires et la surproduction d’élites. »
La baisse du niveau de vie d’une grande partie de la population est un facteur dont on parle beaucoup. De fait, recul du pouvoir d’achat, perte de contrôle sur son destin, enfants promis à un avenir plus sombre sapent la légitimité des institutions et affaiblit l’Etat.
La surproduction d’élites est un facteur moins classique. De la révolution de 1848 aux Printemps arabe de 2011, le précariat diplômé, des aspirants à l’élite frustrés, est à l’origine de troubles sociaux.
De même, la fragmentation du paysage idéologique, le délitement du consensus de l’élite caractérisent les phases de pré-crises…
A ces facteurs essentiels s’en ajoute un troisième : ce que Peter Turchin appelle la pompe à richesse. En gros, elle fait que les riches deviennent plus riches, les pauvres plus pauvres.
Ce concept est issue d’un principe clé de la sociologie, la loi d’airain de l’oligarchie: lorsqu’un groupe d’intérêt acquiert beaucoup de pouvoir, il l’exploite pour servir ses propres intérêts…
Or, dit Peter Turchin, les démocraties contemporaines ne sont pas vaccinées contre la loi d’airain de l’oligarchie. Les Etats-Unis ont réussi à stopper la pompe à richesse durant le New Deal, mais elle s’est remise en marche dans les années 1970…
Peter Turchin a écrit son livre avant la réélection de Donald Trump et avant son ticket avec Elon Musk. Or il était déjà formel : les Etats-Unis sont une ploutocratie, à savoir une société dirigée par les riches.
Aux Etats-Unis, la part des revenus affectée au 1% supérieur se situe à 19 % depuis une dizaine d’année. C’était deux fois moins dans les années 1970.
Analyse de Turchin: «Quand les partis politique abandonnent les classes ouvrières, cela équivaut à un changement majeur dans la manière dont le pouvoir social est réparti dans la société. Au final, c’est bien cet équilibre des pouvoirs qui détermine si les élites se voient accorder le droit d’actionner la pompe à richesse à leur seul profit.»
Et l’Europe ?
En Allemagne, la part des revenus du 1% les plus fortunés dépasse 13 %. Pendant longtemps, c’était 10%. Au Danemark, modèle d’égalitarisme par excellence, c’est aussi 13% alors qu’elle est longtemps restée sous la barre des 7%.
Et en France ?
Ecoutez les résultats de Peter Turchin, assez éloignés des débats nationaux : «La part des revenus allant au 1% supérieur y a atteint un minimum absolu dans les années 1980 (environ 8%), puis a augmenté jusqu’à dépasser 11% au début des années 2000. Mais [MAIS] il a ensuite remarquablement baissé et se situe aujourd’hui en dessous de 10%».
France-Allemagne, deux trajectoires différentes en matière d’inégalités. Il est manifeste, dit Peter Turchin, que les élites des deux voisins suivent des voies distinctes.
Reste LA question : d’où viendra le chaos ?
La cliodynamique exploite des millions de datas, récoltées sur 10 000 ans d’histoire, pour analyser les causes structurelles de l’effondrement des systèmes politiques.
En 2010, au début du mandat Obama, Peter Turchin s’est rendu célèbre pour avoir anticipé les années agitées du trumpisme.
Je le cite : « Les deux forces sociales primordiales qui nous ont donné la présidence Trump – et qui ont poussé les Etats-Unis au bord de l’effondrement – sont l’appauvrissement des classes populaires et la surproduction d’élites. »
La baisse du niveau de vie d’une grande partie de la population est un facteur dont on parle beaucoup. De fait, recul du pouvoir d’achat, perte de contrôle sur son destin, enfants promis à un avenir plus sombre sapent la légitimité des institutions et affaiblit l’Etat.
La surproduction d’élites est un facteur moins classique. De la révolution de 1848 aux Printemps arabe de 2011, le précariat diplômé, des aspirants à l’élite frustrés, est à l’origine de troubles sociaux.
De même, la fragmentation du paysage idéologique, le délitement du consensus de l’élite caractérisent les phases de pré-crises…
A ces facteurs essentiels s’en ajoute un troisième : ce que Peter Turchin appelle la pompe à richesse. En gros, elle fait que les riches deviennent plus riches, les pauvres plus pauvres.
Ce concept est issue d’un principe clé de la sociologie, la loi d’airain de l’oligarchie: lorsqu’un groupe d’intérêt acquiert beaucoup de pouvoir, il l’exploite pour servir ses propres intérêts…
Or, dit Peter Turchin, les démocraties contemporaines ne sont pas vaccinées contre la loi d’airain de l’oligarchie. Les Etats-Unis ont réussi à stopper la pompe à richesse durant le New Deal, mais elle s’est remise en marche dans les années 1970…
Peter Turchin a écrit son livre avant la réélection de Donald Trump et avant son ticket avec Elon Musk. Or il était déjà formel : les Etats-Unis sont une ploutocratie, à savoir une société dirigée par les riches.
Aux Etats-Unis, la part des revenus affectée au 1% supérieur se situe à 19 % depuis une dizaine d’année. C’était deux fois moins dans les années 1970.
Analyse de Turchin: «Quand les partis politique abandonnent les classes ouvrières, cela équivaut à un changement majeur dans la manière dont le pouvoir social est réparti dans la société. Au final, c’est bien cet équilibre des pouvoirs qui détermine si les élites se voient accorder le droit d’actionner la pompe à richesse à leur seul profit.»
Et l’Europe ?
En Allemagne, la part des revenus du 1% les plus fortunés dépasse 13 %. Pendant longtemps, c’était 10%. Au Danemark, modèle d’égalitarisme par excellence, c’est aussi 13% alors qu’elle est longtemps restée sous la barre des 7%.
Et en France ?
Ecoutez les résultats de Peter Turchin, assez éloignés des débats nationaux : «La part des revenus allant au 1% supérieur y a atteint un minimum absolu dans les années 1980 (environ 8%), puis a augmenté jusqu’à dépasser 11% au début des années 2000. Mais [MAIS] il a ensuite remarquablement baissé et se situe aujourd’hui en dessous de 10%».
France-Allemagne, deux trajectoires différentes en matière d’inégalités. Il est manifeste, dit Peter Turchin, que les élites des deux voisins suivent des voies distinctes.
Reste LA question : d’où viendra le chaos ?
Publié le mardi 11 février 2025 . 4 min. 19
Les dernières vidéos
Idées, débats
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
De la bipolarisation droite gauche à la bipolarisation des extrêmes Virginie Martin
17/03/2025

03:40
Les dernières vidéos
de Rémi Godeau
#66e8e1
ÉCONOMIE
Et si le populisme économique était le principal ennemi du peuple ? Rémi Godeau
17/03/2025

04:31
#66e8e1
ÉCONOMIE
Financer la défense alors que nous avons gaspillé les "dividendes de la paix" Rémi Godeau
07/03/2025

04:39
LES + RÉCENTES
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Sun Tzu en 2025 : stratégie pour un monde sous tension Alexandre Masure
21/03/2025

02:51
LES INCONTOURNABLES
#66e8e1
ÉCONOMIE
Banques : 1 jeune sur 2 estime qu’elles ne sont pas à la hauteur ! Une enquête Xerfi Cathy Alegria
10/02/2025

03:21
#a544a3
STRATÉGIE & MANAGEMENT
Savoir transformer l’information en stratégie Philippe Gattet
13/02/2025

02:48