La "grande démission" a fait couler beaucoup d’encre. Mais si, au-delà des clichés, le problème était plus proche de vous que vous ne le pensiez ? Et si ce n’était pas le travail qu’ils fuyaient, mais votre façon de diriger ? Les talents, ces esprits créateurs qui dynamisent vos projets, partent souvent non à cause de leur poste, mais parce que leur potentiel n’est ni compris ni exploité. Voici trois leçons essentielles à méditer.
Trop de contrôle étouffe la créativité
Vos meilleurs collaborateurs ne sont pas des exécutants passifs. Ils ont soif d’autonomie, d’expérimentation et d’opportunités pour prendre des risques. Pourtant, dans bien des entreprises, les procédures rigides, les validations à rallonge et les silos organisationnels freinent l’élan créatif. Demandez-vous : êtes-vous vraiment en train de collaborer avec eux ou simplement de leur imposer un cadre ? Ceux qui se sentent bridés iront chercher ailleurs des environnements où leurs idées, loin de s’éteindre, prospèrent et s’amplifient. Une gestion trop directive tue à petit feu l’impulsion créative.
Cultivez une culture de la victoire
Innover, c’est accepter l’incertitude. Mais combien d’entreprises valorisent réellement cette prise de risque ? Trop souvent, la peur de l’échec domine, étouffant l’audace. Vos talents, eux, recherchent un espace où l’erreur est une étape constructive, non une faute sanctionnée. Encore plus, ils veulent que leurs victoires soient célébrées. Une organisation obsédée par les échecs plutôt que par les succès devient rapidement un repoussoir. Un dirigeant avisé transforme chaque petite réussite en levier d’engagement collectif, car les talents cherchent avant tout un lieu où leurs efforts mènent à des reconnaissances tangibles.
Donnez une vision claire
Un talent désengagé est déjà à moitié parti. Pourquoi ? Parce qu’il ne travaille pas seulement pour des objectifs à court terme, mais pour un sens, une mission inspirante. Sans une vision forte et cohérente, l’énergie créatrice se disperse. Comme l’explique Pierre-Michel Menger, la tension entre créativité et subordination est au cœur de la dynamique du talent. Si vos ambitions ne sont pas clairement incarnées ou semblent artificielles, vos collaborateurs prendront le large, laissant votre entreprise dépourvue des esprits capables de la transformer.
Créer un cadre stimulant
Encadrer sans étouffer, structurer sans brider : c’est dans cet équilibre que réside la clé du management des talents. Comme l’a décrit Jean Piaget, il ne s’agit pas de maintenir un équilibre statique, mais de cultiver une tension dynamique qui propulse l’innovation. Les environnements incapables de conjuguer liberté et cadre se transforment en cages dorées, que vos meilleurs talents n’hésiteront pas à quitter en brisant les barreaux.
Sources :
• Menger, P.-M. Qu’est-ce que le talent ? Collège de France.
• Piaget, J. (1992). Réussir et comprendre. PUF.
Publié le vendredi 13 décembre 2024 . 4 min. 07
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